LES DOYENS DE MÉDECINE et les responsables de l'enseignement de la médecine générale exprimaient leurs craintes, ces dernières semaines, devant les difficultés rencontrées pour valider les 2 500 premiers diplômes d'études spécialisées (DES) de la discipline (« le Quotidien » du 26 novembre).
La réglementation précise que la commission interrégionale de coordination et d'évaluation, chargée de délivrer le DES, doit comprendre l'enseignant coordonnateur et au minimum trois autres personnels enseignants et hospitaliers dont deux au moins de la spécialité. Or la médecine générale ne dispose pas, pour l'instant, d'enseignants titulaires. Un groupe de doyens et de coordonnateurs du DES a donc demandé une adaptation de la procédure de validation des diplômes.
Doyens et coordonnateurs ont été entendus. Valérie Pécresse a adressé une circulaire aux présidents d'université et aux doyens de médecine dans laquelle elle estime que la validation de plus de 2 500 DES de médecine générale exige la mobilisation d'un nombre important d'enseignants. «Il est évident que les effectifs actuels d'enseignants associés de médecine générale ne suffiront pas à assumer cette charge, précise la ministre de l'Enseignement supérieur dans ce document. C'est la raison pour laquelle, je vous invite à faire appel en tant que de besoin à tous les enseignants hospitalo-universitaires en capacité d'assurer ce contrôle, notamment aux professeurs et maîtres de conférences de médecine interne, mais également d'autres disciplines.»
Carte blanche.
Avec ce document, Valérie Pécresse donne carte blanche aux responsables de chaque directeur d'UFR pour «assurer cette opération dans les meilleurs délais possibles en mobilisant tous les enseignants susceptibles de les satisfaire compte tenu de leur spécialité et de leur disponibilité».
Ces dernières semaines, l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) s'inquiétait des problèmes de validation des premiers DES de médecine générale liés à l'absence d'enseignants titulaires de la discipline. Le syndicat déplorait «l'imprévoyance des pouvoirs publics depuis la création du diplôme d'études spécialisées (DES) en 2004», et le «silence» du ministère de l'Enseignement supérieur sur ce dossier. Certains étudiants ont été obligés de se réinscrire à la faculté une année supplémentaire, ne pouvant donc pas commencer à exercer.
Interrogé par « le Quotidien », un responsable du ministère de l'Enseignement supérieur déplore cette attaque frontale «déplacée» des internes de médecine générale.
«Nous avons déjà rencontré à plusieurs reprises les internes, explique-t-on rue Descartes. Valérie Pécresse a fait beaucoup pour la filière universitaire en seulement quelques mois. Nous avons ouvert 17postes de chef de clinique de médecine générale, soutenu la proposition de loi Giraud sur le corps des enseignants de médecine générale (voir ci-dessous) et lancé cette circulaire pour faciliter la validation des DES de médecine générale en 2008. Nous attendons que les internes fassent amende honorable ou nous ne les associerons plus à aucune discussion.» Ambiance.
Le vote des sénateurs
Le Sénat a adopté à l'unanimité la proposition de loi de Francis Giraud (UMP), soutenu par 80 de ses collègues, visant à «créer de nouveaux corps de personnels enseignants en médecine générale». Attendu depuis plusieurs mois, ce texte donne une base législative à la filière universitaire de médecine générale. La proposition de loi prévoit que les enseignants de médecine générale exercent une activité d'enseignement et de recherche au sein de l'université, mais qu'ils pratiquent leur activité de soins hors de l'hôpital, au sein de cabinets médicaux. Ce texte réserve à un futur décret en Conseil d'Etat le soin de fixer le statut des enseignants titulaires de médecine générale, les conditions de leur recrutement, d'exercice et de leurs fonctions. Ce décret fixera également les mesures transitoires et les conditions dans lesquelles les enseignants associés de médecine générale pourront être recrutés ou demander à être intégrés dans les nouveaux corps. Le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) estime que cette loi est «la première pierre concrète de la filière universitaire de médecine générale». «Il sera indispensable, poursuit le syndicat, que les premières nominations de titulaires universitaires interviennent dès cette année en nombre suffisant pour que la filière universitaire puisse fonctionner dans toutes les facultés de médecine de France.» La Conférence des doyens de médecine a également accueilli avec satisfaction le vote du Parlement qui «ouvre la filière universitaire de médecine générale». Les doyens souhaitent que l'année 2008 voit la mise en place des stages chez les praticiens pour les étudiants en médecine de 2e cycle, l'ouverture d'au moins un poste de chef de clinique par faculté de médecine en France, ainsi que le recrutement de professeurs de médecine générale.
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