A KIEV, une centaine de personnes, souvent d'anciens employés de la centrale, des « liquidateurs » et des femmes endeuillées ont commémoré le 18e anniversaire de la catastrophe.
La centrale, fermée en décembre 2000, représente toujours une menace avec ses 200 tonnes de magma radioactif enfouies sous le sarcophage aujourd'hui fissuré.
Pour éviter une nouvelle catastrophe, la communauté internationale a rassemblé plus de 700 millions d'euros afin de construire, autour du sarcophage, une chape de 20 000 tonnes d'acier et dont le coût total est estimé à plus de 1 milliard de dollars par Kiev. La construction de cette chape, conçue pour durer cent ans, doit commencer fin 2004 et se terminer en 2008.
Mais ce gigantesque projet ne fait pas l'unanimité des scientifiques et ingénieurs ukrainiens : certains estiment nécessaire de retirer et d'entreposer les restes radioactifs du réacteur avant de construire la chape, d'autres jugent que ce projet ne tient « pas compte des bouleversements climatiques pouvant survenir dans le futur ».
La fermeture définitive de la centrale a, par ailleurs, soulevé des problèmes liés au traitement des déchets des quatre réacteurs. Des centres de traitement et de stockage du combustible usé, des déchets liquides et solides, ainsi qu'une unité de tri doivent être construits sur le site de Tchernobyl d'ici à 2005 grâce au financement de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et de l'Union européenne.
En France, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (Irsn) a indiqué qu'elle ne publiera pas cette année de rapport sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.
« En effet, bien que les recherches se poursuivent sur un certain nombre de sujets, il n'y a pas, à ce stade, d'élément fondamentalement nouveau justifiant un tel rapport. »
Un rapport est prévu pour le 20e anniversaire.
Divergences sur les mesures.
Le Pr André Aurengo, chargé en 2002 d'établir une cartographie de la contamination du territoire français par le nuage de Tchernobyl, a souligné, pour sa part, que le groupe de travail qu'il préside ne pourra pas rendre ses conclusions, « comme il le souhaitait, pour l'anniversaire de l'accident ». Ce retard, indique-t-il, est « consécutif aux divergences entre les résultats de mesures contemporaines de l'accident et les données issues de modèles mathématiques présentées par l'Irsn en avril 2003. Des explications complémentaires permettant d'évaluer la fiabilité de ces modèles ont été demandées dès juin 2003. Elles ont été transmises par l'Irsn au groupe de travail fin mars 2004, trop tard pour permettre une réelle discussion et la remise d'un rapport circonstancié en temps voulu. »
Les chercheurs et experts de l'Irsn continuent parallèlement leurs collaborations avec les scientifiques des pays les plus touchés et apportent un appui technique aux autorités pour l'amélioration de la sûreté des installations nucléaires de ces pays. L'Institut contribue notamment au projet européen Core (Coopération pour la réhabilitation), mené avec la participation de l'organisation Médecins du Monde. Ce projet scientifique et humanitaire, qui commence cette année, vise à améliorer la qualité de vie des populations de quatre districts contaminés de Biélorussie.
Enfin, les 5 et 6 octobre prochain, la conférence internationale de Kiev présentera les résultats de sept années de coopération entre la France, l'Allemagne, l'Ukraine, la Biélorussie et la Russie. Cette conférence fera le point sur l'Initiative franco-allemande (IFA). L'IFA a pour but de rassembler les milliers de données collectées sur l'accident de Tchernobyl, et de construire une base d'informations cohérentes, « sûres et objectives destinée à faciliter la poursuite ultérieure des recherches et la diffusion d'informations auprès des scientifiques, du public et des populations affectées ». Aujourd'hui, selon les estimations, le bilan de la catastrophe varie entre 40 000 et 560 000 morts.
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