D ORANTE aime Angélique, Angélique aime Dorante. Mais la jeune fille a du bien quand le jeune homme, orphelin, ne peut espérer salut lointain que d'un oncle de trente ans... Et la mère d'Angélique a en vue un autre parti pour sa fille. Tout finira bien, rassurez-vous...
Tout l'esprit singulier de cette comédie créée en mai 1735 au Théâtre Italien est dans le personnage de la mère. Tout repose sur la complicité et l'ambivalence de la complicité entre la mère et sa fille. Si l'autoritaire et aimante Madame Argante appelle les confidences, c'est bien sûr pour mieux « tenir » Angélique. Mais la jeune fille n'est pas innocente. Elle sait ce qu'elle gagne à ainsi se confier et ne livre que ce qu'elle veut bien... se protégeant en même temps des deux côtés. Rassurant sa mère, se rassurant en même temps car l'amour qu'elle porte à Dorante est un sentiment nouveau pour elle, et inquiétant.
C'est très beau parce qu'il y a dans la décision de la franchise plus de sincérité que de calcul. La manipulation réciproque ne vient qu'en second lieu. Dans ce duo subtil, Claire Vernet a la belle autorité de la maturité, la douceur de cette mère d'abord généreuse ; mais sa jeune partenaire lui fournit peu d'occasions d'émotion pure. L'Angélique d'Emilie Lafarge, en effet, est un peu trop mécanique. Cette jeune interprète possède un timbre aigü et crie un peu trop. Elle manque de douceur, elle n'émeut guère. Comme ses camarades, elle ne dispose pas de soutien : le décor de Jacques Gabel est une fausse bonne idée, les maquillages de Catherine Saint-Sever sont laids et même la musique de Ghedalia Tazartès déçoit, c'est dire !. Son partenaire principal, Alexandre Pavloff, Dorante, a bien du mal à s'imposer. Le soir où nous avons vu ce spectacle, c'était comme si les amoureux jouaient faux, avaient pris faux. Christian Gonon, dans le rôle bref de l'inquiétant et aimant Ergaste, est très bien. C'est des valets que nous vient la beauté de Marivaux : Claudie Guillot, toujours délicieuse, est une Lisette piquante et juste, fine, nuancée. Dans le rôle difficile de Lubin, le petit paysan au « biau langage », Guillaume Gallienne fait merveille. Il est précis dans l'exercice périlleux du parler paysan, drôle et vif. C'est une belle composition, bien maîtrisée.
Théâtre du Vieux-Colombier, à 19 heures le mardi, à 20 heures du mercredi au samedi, à 16 heures le dimanche. Durée : 1 h 30 sans entracte. Jusqu'au 1er juillet (01.44.39.87.00 ou 01).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature