Réunis dans le cadre des états généraux de la médecine générale qu'organisait, le week-end dernier le syndicat MG-France, à Châtelguyon (Puy-de-Dôme), une centaine d'omnipraticiens ont rédigé et voté un manifeste.
« Mis à la disposition de toutes celles et ceux qui veulent participer à l'amélioration de leurs conditions de vie et d'exercice », ce texte de cinq pages pose des exigences de revalorisation financière et de reconnaissance sociale. Il expose la façon dont les généralistes entendent « travailler autrement ». S'y sont ralliés des médecins adhérents de MG-France, bien sûr, mais aussi des praticiens non syndiqués dont certains sont membres de coordinations - la coordination indépendante des omnipraticiens du Puy-de-Dôme avait envoyé une trentaine de personnes à Châtelguyon.
C'est à plusieurs niveaux que les généralistes ne veulent plus exercer leur métier comme ils le font aujourd'hui : dans leur cabinet, en visites, dans le système de soins et, plus largement encore, dans la société. A chacun de ces niveaux, le manifeste pose des exigences. Il souligne notamment l'importance de l' « éducation » des patients, qu'elle aille dans le sens d'une « rationalisation » de l'accès au système de soins ou d'une responsabilisation dans le cadre des visites ou des urgences.
Les omnipraticiens revendiquent par ailleurs « la définition du contenu de l'acte médical du généraliste qui doit lui être réservé ». Ils voudraient bénéficier d'un « repos compensateur » après une garde volontaire et ils souhaiteraient que les pouvoirs publics inventent une « aide au regroupement professionnel », sous forme de conseil juridique et d'aides au financement.
En matière de protection sociale, de retraite, de fiscalité, de plan de carrière..., les généralistes alignent aussi les exigences (adaptation de la fiscalité avec, entre autres, diminution de la taxe professionnelle et instauration d'abattements fiscaux dans des zones où l'exercice est difficile). Pour la rémunération, le manifeste ne tourne pas autour du pot. « Les généralistes exigent une augmentation de leurs revenus », stipule le texte. En plus du paiement à l'acte, les généralistes demandent une rémunération au forfait des missions et fonctions qu'ils auront, précisent-ils, « librement choisies » en matière de permanence des soins, de coordination, de prévention ou de santé publique.
Alors que les négociations conventionnelles pourraient s'ouvrir dans une quinzaine de jours à la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), le président de MG-France, le Dr Pierre Costes, considère que ce « manifeste de Châtelguyon » pourrait leur servir de « base ». « Ce qui concerne le contrat social - les indemnités journalières, les retraites... - serait traité dans le socle conventionnel rénové (1) et les modes, les niveaux de rémunération et les garanties d'évolution de ces rémunérations seraient vus dans la convention spécifique des généralistes », explique-t-il.
(1)Rappelons que la loi prévoit désormais la négociation d'un socle conventionnel commun à toutes les professions de santé libérales.
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