DES CHERCHEURS français (dont trois équipes de l'INSERM) ont identifié, chez des patients souffrant d'ostéopénie ou de calculs rénaux, trois nouvelles mutations d'un gène exprimé dans le rein. Ces mutations induisent une fuite de phosphore par le rein.
On sait qu'un trouble de la réabsorption rénale de phosphore par les tubules rénaux prédispose certains individus à la formation de calculs rénaux et à la déminéralisation osseuse. Une élimination urinaire accrue de phosphore peut résulter d'une hypersécrétion d'hormones hyperphosphaturiques (parathormone [PTH], FGF-23) ou d'altération de gènes de transporteurs rénaux du phosphore ; des mutations de gènes codant deux cotransporteurs sodium-phosphore (NPT2a et NPT2c) ont déjà été identifiés (Bergwitz et coll. ; Prié et coll.). Cela dit, la plupart des patients qui ont un trouble de la réabsorption rénale du phosphore n'ont pas de mutation dans les transporteurs du phosphore et ont des concentrations normales de PTH et de FGF-23. Ce qui suggérait l'existence de mécanismes non identifiés dans le contrôle de l'homéostasie du phosphore.
Dans ce contexte, divers éléments indiquaient que le NHERF1 (Sodium-Hydrogen Exchanger Regulator Factor1) pouvait moduler le transport rénal du phosphore, mais on manquait de données à ce sujet. C'est précisément sur NHERF1 que le nouveau travail a porté.
Les équipes de Gérard Friedlander et de Dominique Prié, en collaboration avec Bernard Grandchamp, ont étudié 92 patients qui présentaient soit une lithiase calcique rénale, soit une ostéopénie, et qui ne présentaient pas de cause habituelle (hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie, hyper FGF-23). Chez ces patients (groupe 1), on a mesuré la réabsorption rénale de phosphore par le rapport TmP/GFR (réabsorption maximale de phosphore-taux de filtration glomérulaire). Un groupe 2 servait de témoin.
Le gène NHERF1 a été séquencé : trois mutations ont été découvertes chez 7 patients qui présentaient un rapport TmP/GFR bas. Aucun des patients, dont le TmP/GFR était normal, n'avait de mutation de NHERF1. Les chercheurs montrent, en outre, que les mutations observées amplifient anormalement l'effet de PTH : pour une même concentration de PTH, ses effets sur le rein sont amplifiés.
Karim Z, B. Gérard, N. Bakouh, Alili R, Leroy Ch, Beck L, Silve C, Planelles G, Urena-Torres P, Grandchamp B, Friedlander G, Prié D. « New England Journal of Medicine » du 11 septembre 2008, 1128-35.
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