ON S'EST APERÇU que les maladies cardio-vasculaires et la polyarthrite rhumatoïde ont des mécanismes pathogéniques communs. Les réponses inflammatoires et immunitaires sont très similaires, avec une production accrue de radicaux libres et de cytokines pro-inflammatoires. Comme le rôle protecteur des fruits et des légumes vis-à-vis d'un certain nombre de maladies chroniques, et notamment les cancers et les maladies cardio-vasculaires, a été démontré et relié aux propriétés antioxydantes de ces aliments, il était tentant de chercher à savoir ce qu'il en est pour la polyarthrite rhumatoïde (PR).
C'est ce à quoi se sont livrés Pattison et coll. [unité Arthritis Research Campaign (ARC), université de Manchester], en réalisant une étude prospective cas-témoins (1993-1997) chez des participants de l'étude Epic (European Prospective Investigation of Cancer) à Norfolk. Une analyse détaillée de la composition alimentaire a été réalisée en demandant aux personnes de remplir un journal diététique pendant une semaine, au moment de l'inclusion.
Au cours de l'étude, 73 cas de PR sont survenus chez des participants entre 1994 et 2001 sur les registres Noar (Norfolk Arthritis Register). Ces cas incidents sont attestés par la présence d'au moins deux articulations atteintes, avec une inflammation persistant pendant au moins quatre semaines. Chaque cas de PR a été apparié pour le sexe et l'âge, avec deux témoins non atteints par la maladie.
Pas assez de fruits et légumes.
Au total, on constate chez les cas une consommation réduite de fruits et légumes comparativement aux témoins, mais sans que la différence atteigne la significativité. Pour la consommation de fruits, l'association apparaît être plus forte, avec une augmentation un peu plus importante du risque de PR que pour les légumes.
L'apport en antioxydants et en vitamine C dans le régime des individus a été calculé de façon à définir trois tertiles de contribution.
Une association a été trouvée pour les antioxydants (risque relatif de 2). Elle est particulièrement forte pour la vitamine C, avec un risque relatif de 3,3.
Un risque parfois multiplié par plus de 3.
Les sujets dans les tertiles les plus bas des prises quotidiennes de vitamine C (ce qui correspond à moins de 56 mg/j) ont donc un risque multiplié par plus de trois d'avoir une PR, comparativement au tertile moyen de référence. Et ce après ajustement pour le tabagisme, l'obésité et la prise énergétique totale.
On sait que le tabagisme est associé à une consommation réduite de fruits et légumes, et à un risque accru de PR. Et il a été montré antérieurement que l'obésité est un facteur de risque de PR.
Vingt et un pour cent des cas et 7 % des contrôles ont des apports quotidiens inférieurs aux apports journaliers recommandés (40 mg/j au Royaume-Uni).
Enfin, on observe une association inverse mais faible entre le risque de PR et, d'une part, la vitamine E, d'autre part, le bêtacarotène. Aucune association n'est trouvée pour le sélénium et le rétinol.
Le mécanisme d'action passe vraisemblablement par l'effet antioxydant des micronutriments. Néanmoins, l'action des divers micronutriments mérite d'être approfondie.
« Annals of Rheumatologic Diseases », 2004 ; 63 : 843-847.
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