Vingt millions de Français et de Françaises s'adonnent aux joies du jardinage. Cet engouement massif de nos compatriotes pour les activités bucoliques n'échappe pas à la vigilance des champions du principe de précaution.
Car pour protéger leurs laitues des limaces, freiner l'apparition des mauvaises herbes dans les plates-bandes et combattre la prolifération des acariens, nématodes et autres mildiou, les amateurs recourent aux fongicides, herbicides, insecticides, bref aux produits phytopharmaceutiques plus communément appelés pesticides, selon des posologies qui ne sont pas sans risques. Risques pour l'applicateur lui-même, qui respire des dégagements toxiques et manipule des substances nocives, risques pour l'environnement (pollution de la terre, de l'air et de l'eau). Sans parler, au final, du risque sur la table du consommateur.
Certes, la question de l'épidémiologie liée au jardinage amateur reste très mal documentée. Mais, comme l'observe en souriant la directrice générale de l'Alimentation (DGAL, ministère de l'Agriculture), Catherine Geslain-Lanéelle, « si j'en juge par mon propre mode opératoire, les bonnes pratiques, en la matière, demandent encore beaucoup d'efforts ».
D'où cette campagne d'information grand public, qui a été concoctée par trois ministères (Agriculture et Pêche, Santé et Aménagement du territoire et Environnement) et qui est lancée depuis le Salon international de l'agriculture.
Des experts indépendants
La prise en compte du risque lié à la mauvaise utilisation des substances chimiques en agriculture n'est pas nouvelle. L'année 2001, rappelle en particulier Catherine Geslain-Lanéelle, a été marquée par le renforcement de la procédure d'évaluation des risques. Désormais, la Commission d'étude de la toxicité est uniquement composée d'experts indépendants, à l'exclusion des entreprises autrefois représentées en son sein. Un groupe de travail ad hoc y décerne depuis 1996 la mention « Jardin », nécessaire à la commercialisation dans les circuits de distribution spécialisés. C'est ainsi que 40 % des produits ont disparu du marché. Restent autorisés à la vente quelque 1 500 spécialités qui doivent toutes satisfaire à un étiquetage informatif sur les indications de danger, les conseils de prudence (exemple : porter des gants appropriés), les phrases de risque (nocif par contact avec la peau, inhalation...), les usages pour lesquels le produit a reçu son autorisation et, le cas échéant, le numéro de téléphone du centre antipoison.
La campagne d'information vise à présent à sensibiliser le public sur les précautions nécessaires et à lui faire prendre conscience de l'importance de se conformer à de bonnes pratiques chimiques au jardin.
Principaux relais d'opinion choisis, les écoles, avec la création d'un personnage ludique, le génie du jardin Utin ( « Avec mon copain Utin, je jardine bien ! ») et les salles d'attente des médecins généralistes. Ceux-ci vont recevoir via les DDASS des livrets (« Pesticides mode d'emploi ») ainsi que des affiches.
Parallèlement à l'information, les contrôles continuent d'être renforcés sur le terrain, à l'initiative de la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes et des ministères de l'Agriculture et de la Santé. Ceux-ci s'exercent naturellement en priorité sur l'agriculture (95 % des pesticides employés). Quant aux amateurs, s'il faut donc, comme aurait dit Voltaire, qu'ils cultivent leur jardin, ils ne doivent pas, dans l'affaire, oublier leur santé.
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