C'EST EN FAIT une réédition : le Comede, qui en vingt-cinq ans a accueilli 80 000 exilés de 130 nationalités, avait publié un premier guide en 2003, fruit de son expérience quotidienne et à l'époque principalement destiné à son usage propre. Le revoici dans sa version 2005, plus complet, plus coloré, et cette fois destiné à éclairer la prise en charge médico-psycho-sociale des différents acteurs. Six chapitres découpent cette bible de 440 pages sur les migrants, les immigrés, les étrangers, les demandeurs d'asile, les réfugiés, les sans-papiers, les clandestins ; bref, toutes ces personnes dites d'origine étrangère, aux statuts administratifs compliqués et variables. Le guide fait les comptes : 3 550 000 étrangers vivent en France, 510 000 y sont nés, 350 000 sont en séjour précaire. Ces derniers présentent des caractéristiques démographiques très différentes de celles des étrangers en séjour stable. En majorité, il s'agit d'hommes, sauf pour les groupes originaires d'Afrique centrale, d'Asie de l'Est et des Antilles, dont le sex-ratio est proche de 50 % ; ils sont jeunes, résident principalement en région Ile-de-France (58 % des demandeurs d'asile et 73 % des bénéficiaires de l'aide médicale en 2001), en Rhône-Alpes (9 % des régularisations) et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (6 %). Plus de vingt ans après le drame des boat-people, ce sont toujours les Asiatiques qui constituent la moitié des effectifs.
Traumatisme, vulnérabilité, morbidité.
Deuil du monde maternel, deuil de la terre-mère, perte d'identité et culpabilité, ces exilés, rappelle le guide, sont encore victimes d'une double violence, politique et économique, et ils débarquent de surcroît dans un pays en proie à une profonde crise du droit d'asile. Autant de paramètres qui occasionnent traumatisme psychologique, vulnérabilité sur tous les plans de la santé et même morbidité. Le chapitre consacré aux soins et à la prévention est donc copieux : bilan de santé, contraception, nutrition, santé bucco-dentaire, vaccination, dépression, hépatites C et B, tuberculose, asthme, diabète, HTA, saturnisme, dermatologie, hématologie, orthopédie, parasitologie.
Mais la nouvelle édition s'enrichit surtout d'un important chapitre VIH et IST, qui s'inscrit dans le programme national de prévention du VIH à destination des personnes migrantes. Soins médico-psychologiques, dépistage, mais aussi répertoire des adresses utiles y sont passés en revue. Le guide rappelle au passage que, la prise en charge médicale de l'infection à VIH étant inaccessible à ce jour dans la quasi-totalité des pays en développement, un sans-papiers ressortissant d'un tel pays et porteur du VIH relève ainsi d'une « régularisation médicale » et ce qu'il soit en phase de surveillance biologique simple, en période de traitement ou de surveillance postthérapeutique.
A cet égard, les principales configurations juridico-administratives sont analysées. En annexe, tous les documents officiels en circulation sont reproduits, demandes d'asile, de régularisation, admission au séjour, demande de protection maladie, de couverture maladie universelle, d'aide médicale d'Etat (AME).
Souvent démunis face aux questions que posent les personnes migrantes, les professionnels de santé devraient pouvoir se repérer avec le tout-médical et le tout-juridique et social désormais réunis en un seul volume.
Guide disponible sur commande (gratuit, dans la limite des stocks) auprès de l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation en santé), par fax au 01.49.33.23.91 ou par courrier 42, bd de la Libération, 93203 Saint-Denis Cedex.
Quatre pages pour se repérer
En complément du guide, l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) a réalisé un document de sensibilisation des professionnels de santé, intitulé « Dépistage du sida chez les patients migrants/étrangers en situation précaire ». Ce quatre-pages très synthétique aide à aborder le thème souvent difficile et tabou du VIH/sida auprès de personnes stigmatisées et isolées. Les principales questions sont abordées, en particulier celle de l'optimisation de la consultation et de l'échange. L'Inpes préconise de prendre en compte les différences de perceptions du sida selon les facteurs socioculturels. Il est également conseillé de recourir aux services d'un interprète, en s'appuyant sur les médiateurs de santé publique.
Ce document peut être téléchargé en pdf sur le site de l'Inpes (www.inpes.sante.fr).
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