EN FRANCE, si les médecins libéraux ont rarement été aussi nombreux que ces dernières années, ils sont aussi très mal répartis sur le territoire national. Ce n’est pas nouveau.
Cette mauvaise répartition a créé ce qu’il est désormais convenu d’appeler des «déserts médicaux», dispersés sur l’ensemble du territoire national, à l’exception du grand Sud de l’Hexagone, où les médecins donnent parfois l’impression de se bousculer.
Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics ont pris la mesure de l’événement et de ses conséquences à long terme, notamment en termes d’égalité d’accès aux soins. C’est ainsi qu’ont été élaborées un certain nombre de mesures, dites incitatives, allant de l’exonération fiscale à la majoration de la valeur des actes (dispositif qui n’est toujours pas entré en application), pour tout médecin qui accepterait d’aller s’installer dans ces zones sous-médicalisées. Le tout, il faut bien le reconnaître, avec un succès mitigé.
C’est fort de ce constat que s’est créée il y a quelques mois Arime (Association pour la recherche et l’installation de médecins européens), avec l’idée d’aller chercher les médecins qui font défaut en France là où ils sont : c’est-à-dire dans les autres pays de l’Union européenne et notamment dans les pays qui ont récemment adhéré à l’Union.
Pour la responsable de l’Association, Sophie Leroy, «la réflexion en France sur ce sujet en est à ses balbutiements, par rapport à ce qui se passe en Suède, en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, où des agences employant des dizaines de personnes sont spécialisées dans la recherche de médecins étrangers».
Bâton de pèlerin.
Depuis mai dernier, Sophie Leroy a donc pris son bâton de pèlerin, et est allée à la rencontre des collectivités locales et des hôpitaux de sa région (Lorraine et Champagne-Ardenne) pour leur expliquer le sens de sa démarche. «Il y a une forte demande de leur part, estime Sophie Leroy. Je rencontre souvent des responsables désemparés qui sont généralement à la recherche d’un médecin généraliste.» Arime compte obtenir prochainement des mandats de ces mairies ou de ces hôpitaux pour aller démarcher les médecins de l’Union européenne. A commencer par la Pologne, la République tchèque et la Hongrie où, selon elle, se trouvent les plus gros contingents de médecins prêts à l’aventure. «Leur problématique n’est pas la même que celle des médecins français, précise-t-elle : un généraliste polonais gagne en moyenne entre 300 et 500euros par mois, alors qu’en France ils peuvent gagner dix fois plus et jouir d’une qualité de vie qu’ils n’ont pas dans leur pays.» Si bien que les raisons qui poussent les médecins français à déserter certains territoires, comme l’isolement ou le manque d’infrastructures, peuvent sembler dérisoires à ces praticiens venus d’autres pays de l’Union. Sur le site Internet de l’Arime*, les collectivités territoriales et les hôpitaux trouveront des informations sur les services que peut fournir l’association.
Sophie Leroy projette déjà, dès qu’elle se verra confier des mandats précis, de faire de la publicité dans les médias grand public et professionnels des pays qu’elle entend prospecter : «Grâce à Internet, tout est plus facile, et notre site peut devenir l’interface idéale entre les collectivités territoriales demandeuses et les médecins de l’Union européenne.»
* www.arime.fr.
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