De notre correspondant
P OUR la première fois en France, des experts de la santé au travail et du droit, constitués en réseau, viennent en aide aux victimes du harcèlement moral, qu'il soit privé ou en entreprise. Une boîte vocale permet le premier contact. Le réseau cherche aujourd'hui reconnaissance et soutien de la part des pouvoirs publics.
« Durant toute l'année 2000, nous avons préféré prendre le temps de la réflexion, à la fois pour vérifier que notre démarche est la bonne, que notre fonctionnement est pertinent, et également que le système de la boîte vocale est bien adapté. » Michel Vallée, psychosociologue lyonnais, spécialiste des questions de santé liées à l'organisation de l'entreprise, est le fondateur de l'Association de lutte contre le harcèlement moral (ALHARM). Depuis longtemps déjà, explique-t-il, il était conscient, comme nombre de ses confrères spécialisés, de la fréquence et de la gravité, jusqu'il y a peu souterraine et sous-estimée, des problèmes de harcèlement au travail. Et des souffrances silencieuses qu'ils entraînent. Son métier de consultant le confrontait à la demande de salariés victimes de harcèlement psychologique, incapables de s'en sortir par eux-mêmes, totalement isolés. Mais il se « sentait impuissant face à ce type de souffrances ».
Le déclic, ce sera la publication du livre de la psychiatre Marie-France Hirigoyen, « le Harcèlement moral, la violence perverse au quotidien » (éditions Syros, 1998), qui obtient un énorme succès. Le psychosociologue décide alors de « passer à l'action », parce qu'on « ne peut pas ne rien faire face à la détresse des victimes ». Il lance un appel à ses relations professionnelles dans la région Rhône-Alpes, médecins, psychologues, juristes, avocats, auquel une quarantaine répondront présent.
Une boîte vocale
Au début de 2000, naît l'idée de la boîte vocale*. Elle est simple ; encore fallait-il y penser : la victime peut y laisser un message pour décrire les principales caractéristiques de sa situation (privée, au travail). Et donner ses coordonnées, démarche nécessaire pour une première rencontre avec un professionnel bénévole de l'association, de la santé ou du droit du travail selon les cas, qui cherchera avec elle la meilleure conduite à adopter.
L'an dernier, uniquement connue grâce au bouche-à-oreille, la boîte vocale de l'ALHARM a reçu quelques dizaines d'appels. Des cas relevant autant du champ privé que du monde professionnel, auxquels l'association s'est ensuite efforcée, après évaluation, d'apporter une réponse. Mais depuis le début de cette année, le répondeur de l'ALHARM enregistre entre 20 et 40 appels par semaine. Or, même si, reconnaît Michel Vallée, certains d'entre eux ne relèvent pas du harcèlement, force est de reconnaître que l'association risque d'être bientôt victime de son succès. D'où sa démarche actuelle : sortir d'une relative discrétion et mieux se faire connaître, notamment des syndicats et des pouvoirs publics, pour obtenir leur soutien et renforcer cette initiative pilote.
* Pour tout contact, l'association demande de passer par sa boîte vocale : 06.08.25.68.14.
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