Il aura fallu compiler les registres de naissance antérieurs à 1930. Les médecins britanniques et suédois qui publient leur étude dans le dernier « BMJ » ont dû remonter dans le temps pour établir une relation entre un retard de croissance intra-utérin et le risque d'accident vasculaire cérébral. Si un lien a déjà été fait entre une croissance fœtale altérée et la survenue d'un infarctus du myocarde, rien n'était encore démontré vis-à-vis d'un AVC.
Ce sont donc 14 611 naissances survenues entre 1915 et 1929 à l'hôpital d'Uppsala (Suède) qui ont été analysées. De façon remarquable, les données socio-économiques et les caractéristiques néonatales (dont l'âge gestationnel) étaient disponibles pour 96 % de ces naissances. L'étude a porté sur les enfants uniques nés entre 30 et 45 semaines d'aménorrhée et sur lesquels des informations étaient disponibles aux recensements de 1960 et 1970. Quant aux données du premier AVC, elles ont été obtenues à partir des registres nationaux, séparant formes hémorragiques et occlusives.
Association inverse entre poids et risque d'hémorragie
Neuf cent quatre-vingt-onze AVC inauguraux sont survenus au sein d'une population de 10 853 hommes et femmes, 156 hémorragiques et 775 occlusifs. L'étude statistique montre que, pour une augmentation du poids de naissance de 1 kg, le taux de risque est de 0,61 pour un AVC hémorragique et de 0,89 pour une forme occlusive. Lorsque l'analyse a été menée en individualisant le périmètre crânien et la taille, l'association inverse entre poids et risque d'hémorragie cérébrale s'est trouvée renforcée. L'âge gestationnel, enfin, ne modifie pas les conclusions.
Ces résultats sont bien plus significatifs que ceux enregistrés, au sein de la même cohorte, pour le risque coronarien. Ils confortent également ceux de données finlandaises, à l'effectif moindre.
Restait à proposer une explication. Les auteurs n'attribuent pas ce risque à une relation entre le poids de naissance et la taille de la tête. Ils suggèrent plutôt un effet délétère du mauvais développement des tissus mous par rapport à la croissance osseuse. Quant à l'hypertension, qu'on sait associée à des retards de croissance intra-utérin et aux AVC, il n'est pas établi qu'elle joue un rôle dans les conclusions de l'étude.
E. Hyppönen et coll., « British Medical Journal », vol. 323, 3 novembre 2001, pp. 1033-1034.
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