LA PREMIÈRE RELATION faite entre ces deux affections remonte à une étude de Williams et coll. (1952). Une étude plus récente (1988) du même auteur chez 76 patients avait confirmé la susceptibilité à la tuberculose des sujets atteints de MC. Mais c’est la première fois que l’association est objectivée dans une étude d’une telle ampleur. Les auteurs ont utilisé le registre national suédois des patients hospitalisés avec un diagnostic de MC entre 1964 et 2003, et le nombre de patients inclus correspond vraisemblablement, dans un pays qui compte environ neuf millions d’habitants, à une grande majorité des sujets présentant une intolérance au gluten.
Risque augmenté d’un facteur 3,74.
Les Suédois ont pris soin d’exclure (en dehors des circonstances traditionnelles d’exclusion) les sujets (n = 63) dont la TB avait été diagnostiquée avant l’entrée dans l’étude ou un an après le diagnostic initial de MC. L’intervalle de temps moyen entre le moment où était porté le diagnostic de MC et la mise en évidence d’une TB était de 6,5 années (1-26 ans).
L’augmentation du risque de TB chez les patients atteints de MC, calculée par analyse de régression de Cox, était de 3,74 (IC 95 % : 2,14-6,53, p < 0,001). Le risque était encore davantage augmenté lorsque l’analyse se limitait aux patients dont la TB avait été diagnostiquée dans des services spécialisés (pneumologie, infectiologie, pédiatrie ou médecine thoracique), l’OR (odds ratio) étant alors de 4,76 (IC 95 % : 2,23-10,16, p < 0,001). Le risque de MC chez les patients tuberculeux (évalué par régression logistique conditionnelle) était également augmenté, bien que dans une moindre mesure (OR 2,50 ; IC 95 % : 1,75-3,55, p < 0,001).
Dans cette étude, de nombreux facteurs confondants (âge, sexe, aire géographique…) ont pu être écartés en raison de la méthode d’appariement aux contrôles : chaque patient atteint de MC n’était comparé qu’à ses propres contrôles de référence. En outre, l’augmentation du risque s’observait chez les hommes comme chez les femmes, que le diagnostic ait été porté dans l’enfance ou à l’âge adulte (le diagnostic de MC était porté chez environ 5 000 sujets à l’âge adulte). Enfin, les auteurs ont vérifié que les facteurs socio-économiques, qui ont une incidence sur l’infection tuberculeuse, n’affectaient pas l’augmentation de risque découverte dans leur étude.
L’activation des macrophages.
La malabsorption de la vitamine D qui est observée dans la MC, et qui persiste souvent plusieurs années après l’introduction du régime sans gluten, pourrait expliquer l’association avec la TB. En effet, la vitamine D, par sa capacité d’activation des macrophages, a un rôle important dans l’élaboration de la réponse immunitaire contre l’agent tuberculeux. Cette vitamine stimule également l’interféron gamma à travers la promotion du processus granulomateux.
En rapprochant les découvertes de l’enquête suédoise d’une autre étude (Peters et coll., 2003), qui avait montré une augmentation du risque de décès par TB chez les patients atteints de MC, on ne peut exclure la possibilité que la MC constitue, au-delà de sa simple association avec la TB, un facteur d’aggravation de l’infection.
(1) Ludvigsson JF , Wahlstrom J, Grunewald J, Ekbom A, Montgomery SM. Coeliac Disease and Risk of Tuberculosis : a Population Based Cohort Study. « Thorax », 2006 ; publié en ligne.
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