LE SYSTÈME qui a été implanté chez deux malades depuis le début 2008 à Toulouse, le HeartMate II, est constitué d'une pompe de très petite taille (qui pèse entre 100 et 150 g et mesure environ 7 cm de long), totalement implantée dans la cage thoracique, au contact du coeur. Le HeartMate II (société Thoratec) ne s'adresse pas à toutes les insuffisances cardiaques, mais il est indiqué dans une situation très spécifique d'insuffisance cardiaque terminale par suite d'une incompétence ventriculaire gauche exclusive, explique le Pr Alain Cérène. Car, pour que l'assistance puisse être efficace, il est nécessaire que la fonction ventriculaire droite soit maintenue et que les résistances pulmonaires du patient soient basses.
La seule étiologie de ce type de défaillance cardiaque est constituée des suites d'un infarctus du myocarde très sévère. Si le ventricule gauche envoie un débit sanguin que le ventricule droit ne peut supporter, son travail est impossible, et cela conduit à un échec de la pompe. Et à une issue fatale pour des patients dans un état précaire.
L'assistance ventriculaire gauche est implantée soit temporairement chez des patients en insuffisance cardiaque terminale en attente d'une transplantation, soit, s'il existe une contre-indication à la greffe, de manière définitive. D'ailleurs, un patient américain vit avec une pompe de ce type depuis quatre ans.
La pompe-turbine en titane est reliée à une canule implantée dans le coeur à la pointe du ventricule gauche. Elle propulse le sang dans l'aorte ascendante, en assistance au travail du ventricule gauche, qui, lui non plus, ne doit pas être nul. La pompe électromagnétique tourne à 9 000 t/min environ. A ce régime, le débit de la turbine est équivalent au débit cardiaque normal.
Dans le monde entier, il y a eu entre cinq cents et mille de ces systèmes d'assistance ventriculaire gauche implantés, dont une dizaine en France.
L'intervention réalisée chez un patient de 56 ans, par le Pr Camille Dambrin, de l'équipe de chirurgie cardio-vasculaire du Pr Alain Cérène, au CHU de Toulouse, s'est déroulée sans problème particulier. Les suites opératoires ont été simples. Actuellement, deux mois après l'intervention, le premier malade vient de rentrer à son domicile. Il a fallu auparavant qu'il suive une réhabilitation en centre spécialisé. Car l'insuffisance cardiaque était telle qu'il était incapable de se lever de son lit. Il lui a fallu réapprendre à marcher. Maintenant équipé, le patient peut à nouveau mener une vie à peu près normale : se promener, jardiner…
Le traitement comportant une simple mise sous anticoagulants est considérablement allégé comparativement à celui d'une insuffisance cardiaque classique. Le patient est traité comme s'il était porteur d'une valvule mécanique cardiaque, précise le Pr Cérène. Et les complications sont d'ailleurs similaires à celles d'une valvule mécanique. Il y a peu d'hémolyse, mais des micro-thrombi peuvent former des embols susceptibles de provoquer des accidents ischémiques cérébraux. D'où la nécessité du traitement anticoagulant.
L'appareil consomme peu d'énergie. Un câble électrique relie la pompe à une batterie que le patient porte à la ceinture. Avec une traversée de la peau, qui est évidemment assortie d'un petit risque infectieux. La batterie doit être rechargée toutes les quatre heures. La nuit, c'est prévu, la pompe peut être branchée sur le réseau, et le patient bénéficie d'un sommeil ininterrompu.
L'assistance ventriculaire HeartMate II est pilotée par micro-ordinateur. Avec un feed-back, le rythme s'accélère lorsque l'effort du patient le nécessite.
Le coût de l'opération ? L'appareil coûte 83 000 euros, précise le Pr Cérène. L'acte total revient à 90 000-100 000 euros (circulation extra-corporelle, rééducation…). Ce protocole fait partie d'une étude demandée par le ministère pour évaluer les résultats et le coût en comparaison d'un traitement médicamenteux.
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