De notre envoyé spécial à Genève
« Tout le monde, y compris la directrice générale, devra remplir le questionnaire de santé en relation avec le SRAS », avait prévenu la porte-parole de l'OMS, Christine McNab.
« On appréhendait la réaction de certains participants, en particulier ceux venus des régions à risque, confie le Dr L., médecin de l'organisation. Mais, depuis vendredi, tout s'est très bien passé. Chacun se prête de bonne grâce à la procédure. Il n'y a eu aucun refus. En fait, nous avons l'impression que les gens s'étaient spontanément contrôlés : ceux qui présentaient des symptômes se sont abstenus de venir. »
Pratiquement, le questionnaire comprend quatre questions. Elles portent sur les symptômes de la maladie (fièvre, toux, difficultés respiratoires), ainsi que sur le type de contact avec des malades potentiels ou la visite d'hôpitaux dans une zone à risque.
Les délégués et les 80 à 90 envoyés spéciaux dépêchés pour renforcer les journalistes normalement accrédités - soit un total de quelque 3 000 personnes venues des 192 pays membres de l'organisation - font la queue dans la salle des Pas Perdus du palais pour remettre le questionnaire rempli et signé à l'une des quatre infirmières qui s'y relayent. Si toutes les réponses sont claires, un petit autocollant vert est apposé sur le badge. Sans lui, pas question de passer les continuels contrôles. Dans le cas de personnes venant de pays à risque, c'est le Dr L. ou son confrère qui poursuivent l'interrogatoire, dans un box, quasiment sous les objectifs des caméras et des photographes.
Ce dispositif a pour objectif d'éviter « l'exclusion irrationnelle » des personnes provenant des régions touchées, comme cela a déjà pu être observé en diverses occasions (manifestations sportives, congrès, etc.). Il s'agit aussi de permettre aux organisateurs d'être prêts à réagir efficacement à toute apparition du SRAS sur le territoire helvétique.
Moyennant quoi, la sérénité règne dans les couloirs interminables et les salles de réunion ; aucun masque n'est à signaler parmi les participants.
Une répétition générale
Dès avant le discours d'ouverture en séance plénière, les journalistes ont été invités à un point sur « la première maladie grave apparue au XXIe siècle ». Du fait de sa propagation rapide dans le monde, via les transports aériens, et de la charge importante qu'elle implique pour les services hospitaliers qui reçoivent les patients, elle a permis de mesurer la capacité des systèmes d'alerte dans un contexte de mondialisation sanitaire. En quelque sorte, une répétition générale et en réel d'une pandémie grippale ou d'une attaque bioterroriste majeure.
« Va-t-on pouvoir éliminer complètement le virus de l'humanité et le renvoyer à son réservoir d'origine ? », a demandé le Dr Guenaël Rodier, directeur du département des maladies transmissibles, surveillances et action à l'OMS, tout en se montrant « raisonnablement optimiste » quant à l'issue de l'épidémie actuelle.
« On a réussi à enrayer l'épidémie à Hanoi, Singapour et Toronto, où elle est désormais une affaire classée ; preuve a ainsi été faite de l'efficacité de nos mesures : détection et isolation des cas, identification et suivi de tous les contacts, protection des zones infectées par les voyageurs, soins administrés avec des gants et des masques. »
Pour afficher un optimisme sans nuage aucun, le Dr Rodier préférerait que les sujets qui s'interrogent sur leurs symptômes s'empressent d'aller consulter dès le deuxième jour, et non pas le quatrième ou le cinquième, comme cela semble être aujourd'hui le plus souvent le cas.
Depuis ce 12 mars, où elle a donné l'alerte mondiale, l'OMS estime donc avoir fait plutôt du bon travail et elle se donne quitus à elle-même. Sans triomphalisme, mais avec émotion. Comme quand le Dr Brundtland a évoqué la mémoire du Dr Carlo Urbani, frappé par le SRAS alors qu'il soignait des victimes de l'épidémie au bureau de l'OMS du Vietnam : « Ses efforts héroïques ont permis d'identifier le virus et de stopper sa progression mondiale. . La directrice générale n'a pas oublié non plus de s'incliner devant « tous les travailleurs de la santé qui ont payé un lourd tribut dans cette épidémie ».
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