LA STRUCTURE du sommeil nocturne se modifie très rapidement au cours des premiers mois de la vie, pour devenir très similaire de celle de l'adulte à l'âge de 9 mois. Au cours des premières heures, le sommeil est stable. La première partie de nuit est constituée presque exclusivement d'un sommeil lent profond. La survenue d'éveils brefs durant la seconde partie de la nuit est normale : ils se produisent à chaque changement de cycle et ont tendance à disparaître avec l'allongement du cycle du sommeil. C'est grâce à l'existence de « donneurs de temps », comme la mère, qu'un rythme circadien de 24 heures va s'installer progressivement chez le jeune enfant : alternance du jour et de la nuit, régularité des prises alimentaires au cours de la journée, des heures de sieste, des moments d'échange, des heures de coucher et de réveil matinal.
C'est sur le comportement diurne de l'enfant qu'est suspectée une privation de sommeil : il est anormalement hyperactif, fatigable, irritable. Les troubles du sommeil sont le plus souvent des difficultés d'endormissement et des éveils nocturnes liés à : un conditionnement anormal à l'endormissement (l'enfant ne sait pas s'endormir seul), un excès d'apports liquidiens, responsable d'une distension vésicale, ou l'absence ou l'incohérence des rituels de coucher. Dans certains cas, l'installation du rythme jour/nuit est difficile à mettre en place, du fait d'une mauvaise répartition des siestes, qui entraîne un retard du coucher et des éveils nocturnes. Enfin, dans certains cas, les troubles sont dus à l'anxiété ou à la dépression des parents, à des difficultés de séparation mère-enfant ou à une mésentente conjugale.
Rechercher une cause organique.
Les véritables insomnies de l'enfant sont rares. Néanmoins, elles ne doivent pas faire négliger la recherche d'une cause organique (20 %) : otite chronique, reflux gastro-oesophagien, syndrome d'apnée du sommeil, asthme, eczéma, diabète… Elles peuvent être suspectées en cas de ronflements sonores, de troubles alimentaires associés, de régurgitations anormales. Les éveils nocturnes apparaissent dès la première partie de la nuit, durent plus de 15 minutes, avec un temps de sommeil global diminué. L'enfant est fatigué et présente des troubles du comportement.
Pour prévenir les troubles du sommeil de l'enfant, il convient d'habituer progressivement le nourrisson à s'endormir seul dans son lit et sa chambre, sans associer systématiquement une prise alimentaire. Au-delà de 6 mois, si des difficultés persistent, il est important de faire comprendre aux parents l'importance d'une réorganisation du sommeil et des siestes sur 24 heures, en tenant un agenda du sommeil, de poser des limites avec fermeté, de supprimer les conditionnements inadéquats. S'il existe des difficultés dans le couple ou des problèmes de séparation entre la mère et l'enfant, si l'enfant est anormalement anxieux, une aide psychologique peut être proposée.
L'apport de l'homéopathie.
Une fois le trouble du sommeil identifié et diverses recommandations dispensées (conseils sur les rythmes à respecter, l'alimentation, les rituels d'endormissement, l'environnement, etc.), un traitement homéopathique peut être prescrit. L'intérêt de l'homéopathie est qu'elle est efficace, tout en étant dénuée d'effets indésirables. De plus, grâce à sa forme galénique – sous forme de granules ou de gouttes –, elle peut être utilisée très facilement, surtout auprès des enfants en bas âge.
Le choix du médecin se porte soit sur une spécialité associant plusieurs médicaments (par exemple : Quiétude, qui associe Chamomilla vulgaris, Gelsemium, Hyoscyamus niger, Kalium bromatum, Passiflora incarnata, Stramonium – à ne pas administrer sans avis médical chez l'enfant de moins de 30 mois –, Sédatif PC, Homéogène 46 ou Passiflora composé), qui couvrent les symptômes le plus communément rencontrés, soit un médicament homéopathique unitaire. Le médecin tient compte de l'ensemble du comportement « neuropsychique » de l'enfant, pendant son sommeil (endormissement, période de sommeil, réveils nocturnes, réveil matinal), pendant l'éveil (somnolence, fatigue, irritabilité). Il repère, par l'interrogatoire et l'examen clinique, les symptômes fonctionnels, physiques et comportementaux, afin de déterminer le traitement dit de « terrain » qui prend en compte la réactivité personnelle du petit patient. Ce mode de prescription du médicament homéopathique est dite individualisée.
D'après un entretien avec le Dr Marie-Josèphe Challamel (pédiatre, unité de sommeil de l'enfant, hôpital Debrousse, Lyon) et le Dr Philippe Marijnen (médecin généraliste homéopathe, Reims).
Conférence : « Les troubles du sommeil de l'enfant : diagnostic, prise en charge, intérêt de l'homéopathie », parrainée par les Laboratoires Boiron et présidée par le Dr Marie-France Bordet (directeur de l'institut Boiron).
Vendredi 16 mars 2007, 13 h 30-15 h.
Pour s'inscrire : www.lemedec.com ou secretariat<\@>lemedec.com.
Renseignements : 02.38.90.80.06.
Exemples de cas cliniques
Premier cas clinique : une mère consulte pour sa fille de 6 ans qui présente des problèmes d'endormissement depuis un déménagement. Il s'agit d'une petite fille émotive, timide, habituellement sage et douce. Les troubles sont survenus depuis l'emménagement de la famille dans une grande maison où elle a sa chambre, seule, au premier étage. Elle a peur, a l'impression d'être loin de ses parents, n'entend plus les bruits familiers de l'appartement et se trouve complètement perdue dans ce nouvel environnement. Elle n'a qu'une envie : s'endormir bien au chaud entre ses deux parents qui regardent la télévision le soir.
Chez ce type d'enfant qui n'aime pas le changement et, en outre, a tendance à faire des rhino-pharyngites à répétition, le médecin prescrira Pulsatilla 9 CH, à raison de 5 granules le soir au coucher, jusqu'à l'amélioration des troubles.
Second cas clinique : le petit Gilles, 3 ans, a des difficultés d'endormissement s'accompagnant d'une crainte de l'obscurité et de l'isolement. Il a des réveils nocturnes avec terreurs, agitation, cris, pleurs. Parfois, il se débat, ne reconnaît pas son entourage et ne peut se rendormir qu'avec de la lumière dans la pièce. Quand il a une infection virale, il a souvent une fièvre élevée et peut faire des convulsions fébriles.
Le médecin prescrira Stramonium 9 CH, à raison de 5 granules le soir au coucher, jusqu'à l'amélioration des troubles.
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