DES CHERCHEURS britanniques de l’université de Manchester montrent que l’inhibiteur de protéase (IP) lopinavir (une molécule employée dans le traitement du sida) a une action lytique prometteuse contre des cellules de cancer du col associées au HPV 16, le papillomavirus le plus souvent en cause dans le carcinome féminin. Ils envisagent de conduire prochainement des essais cliniques chez des patientes chez qui l’IP serait administré sous forme de crème vaginale ou appliqué au niveau du stérilet.
Outre leur action antiprotéasique, qui est à la base de leur utilisation dans l’infection à VIH, les IP exercent une inhibition sélective du protéasome. Or le pouvoir pathogène des HPV de haut risque dépend de l’expression de l’oncoprotéine virale E6 qui active, de manière inappropriée, le protéasome 26S. Celui-ci dégrade des protéines cellulaires, telles que p53, qui freinent la réplication du virus. Dans l’étude britannique (1), l’exposition de cellules SiHa (lignée cellulaire issue d’un carcinome cervical humain) infectées par HPV 16 à une dose de 15 mM de lopinavir a permis d’observer une augmentation transitoire de l’expression de la protéine p53 sauvage au bout de quatre heures, et une apoptose des cellules cancéreuses au bout de vingt-quatre heures.
Les auteurs estiment ainsi que les IP, et le lopinavir en particulier, sont capables d’induire une destruction sélective des cellules de carcinome cervical infectées par le virus du papillome humain et exprimant la protéine p53. Les essais cliniques qu’ils envisagent maintenant pourraient ouvrir la voie à une alternative thérapeutique à l’ablation du col, une stratégie qui pourrait notamment avoir un intérêt dans les pays où l’accès à la chirurgie est limité.
(1) L. Hampson, H.-C. Kitchener, I.-N. Hampson. Specific HIV protease inhibitors inhibit the ability of HPV 16 E6 to degrade p53 and selectively kill E6-dependent cervical carcinoma cells in vitro. « Antiviral Therapy » (publié en ligne).
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