Comme le rappelle un communiqué (1), à l’heure où débutent les premiers essais cliniques de médecine régénératrice à partir de cellules souches pluripotentes, les équipes de l’Institut I-Stem (dirigé par Marc Pechansky) continuent d’explorer les critères de qualité qui doivent s’imposer pour préserver au mieux la sécurité des patients. La FDA américaine a autorisé le lancement des premiers essais cliniques de thérapie cellulaire fondés sur des cellules différenciées à partir de cellules souches pluripotentes. Dans tous les essais en cours, il s’agit de cellules progénitrices du système nerveux (central ou rétinien).
C’est dans ce contexte que l’équipe de Nathalie Lefort (INSERM) s’est intéressée à des progéniteurs neuraux issus de la différenciation de cellules souches pluripotentes d’origine embryonnaire ou de lignées iPS. Les chercheurs ont observé que ces cellules peuvent être cultivées pendant de très longues périodes, bien au-delà d’une centaine de cycles de réplication, sans jamais entrer en sénescence. C’est une totale surprise.
On sait que la survenue de certaines anomalies chromosomiques peut conférer aux cellules mutées la capacité de se diviser à l’infini. L’équipe de Nathalie Lefort a retrouvé dans les progéniteurs neuraux qu’elle avait cultivés une duplication du bras long du chromosome 1 (bras 1q) accompagnée d’une translocation de ce bras surnuméraire sur un autre chromosome. Or ce type d’anomalie a déjà été décrit sous le nom de translocation sauteuse dans des hémopathies malignes et parfois dans des tumeurs solides (cancers du sein, hépatocarcinome, rétinoblastome, tumeurs cérébrales pédiatriques). Ce remaniement chromosomique est toujours associé à un mauvais pronostic chez les patients. Les résultats de l’équipe de Nathalie Lefort montrent donc que, lors de la culture à long terme de progéniteurs neuraux dérivés de cellules souches pluripotentes, la duplication du bras 1q fournit un avantage prolifératif qui aboutit à la sélection des cellules anormales. Cette découverte donne la possibilité de repérer cette anomalie récurrente à toutes les étapes de la thérapie cellulaire et d’éliminer ainsi systématiquement les préparations qui seraient susceptibles de présenter un risque pour le patient.
Christine Varella et coll. « Journal of Clinical Investigation », 2012.
(1) Communiqué conjoint AFM, université d’Evry et INSERM.
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