2005 NE LAISSERA PAS à Jacques Chirac le souvenir d’une année facile ou agréable. Acculé par le mécontentement populaire, il a été contraint de changer de gouvernement et aussi de politique. Contrairement à Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, chargé de se concentrer presque exclusivement sur l’emploi, est retourné à une approche sociale du chômage.
Les hasards du calendrier font que M. Chirac, cette année, n’a pas à redouter d’épreuve particulière, après les défaites électorales de 2004 et son échec au référendum européen de 2005. Mécaniquement, le souvenir de ces revers s’estompera dans la mémoire de l’opinion ; en même temps, le chômage va refluer, pour une faible part grâce aux mesures adoptées par le gouvernement et pour une part beaucoup plus importante grâce au début du « papy-boom » qui enverra à la retraite des centaines de milliers de sexagénaires. La retraite n’est pas une panacée : les nombreuses cessations d’activité pèseront sur les caisses de retraite, dont le financement posera un sérieux problème dans moins de dix ans. Mais, dans l’immédiat, l’accès au travail, notamment pour les jeunes, sera plus facile.
Pas de forte croissance.
Le gouvernement ne peut pas compter sur une croissance miraculeuse (pas plus de 2,5 %), mais le marché du pétrole, stabilisé à un haut niveau (au-dessus de 60 dollars le baril), menacera moins l’activité économique. Enfin, le gouvernement peut compter sur les retombées des plans divers qu’il a lancés : logements sociaux, emplois jeunes, réformes des systèmes de santé (censée réduire le déficit) et de retraite, dispositions fiscales qui favorisent la consommation.
On peut certes compter sur l’opposition et ses relais syndicaux pour continuer à discréditer l’action du gouvernement. Mais, en 2006, elle manquera de prétextes. Elle aussi doit s’occuper de son propre avenir : c’est cette année que le PS doit mettre un terme à ses divisions, se trouver un chef « naturel », présenter un programme et tenter de se réconcilier avec le reste de la gauche, ce qui nous semble très improbable. Il demeure que les socialistes représentent plus que jamais une force d’alternance et, s’ils parviennent à s’unir sous une bannière commune (autrement dit derrière le même homme ou la même femme), ils sont en mesure de gagner la présidentielle.
Danger de division à droite.
Il en va de même à droite où le vrai danger est moins la crise sociale que les querelles d’hommes. De ce point de vue, 2006 peut être soit l’année de l’aggravation des conflits internes, soit au contraire celle d’une décantation au terme de laquelle un leader peut s’imposer. Les sondages montrent que Nicolas Sarkozy est celui qui a le plus de chances de remporter l’élection présidentielle ; mais il y a, à droite, quelques talents, cachés ou connus, chez des hommes – ou des femmes – au caractère plus mesuré que celui du ministre de l’Intérieur. Bien entendu, ce n’est pas nécessairement le meilleur qui gagne, mais le plus populaire, ou encore le plus habile.
IL SEMBLERAIT QUE NOS CONCITOYENS, POURTANT FRIANDS D'HISTOIRE, N'EN SAISISSENT PAS VRAIMENT LE SENS
Ce qui doit nous rappeler que les incertitudes, politiques, extérieures, économiques, sont assez nombreuses pour que les pronostics soient fuis comme la peste. L’essentiel est de voir que, pour nos gouvernants, fort malmenés par la conjoncture, l’année est propice à la cicatrisation des plaies et que, pour l’opposition, c’est l’année du regroupement et de la consolidation. Bien entendu, chacun des deux camps fera ce qu’il voudra du temps qui lui est dévolu. La sagesse devrait exiger un peu moins de polémiques et d’effets médiatiques, un peu plus de réflexion et de préparation. Mais dans le feu du combat politique, on n’a pas forcément le temps d’être sage.
A quoi on doit ajouter que l’opinion n’est pas moins capricieuse que la classe politique ou les médias. Parle-t-on de l’avenir en France ? Non. On parle du passé. On vient de célébrer le dixième anniversaire de la mort de François Mitterrand, dont la plupart des sondages indiquent qu’il demeure, aux yeux des Français, le meilleur président de la Ve République, devant Charles de Gaulle. Il semblerait donc que nos concitoyens, pourtant friands d’histoire, n’en saisissent pas vraiment le sens. Mitterrand a sans aucun doute marqué son temps de plusieurs manières. De Gaulle, lui, a changé le destin de la France.
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