L E VHC a été isolé pour la première fois en 1989. Ce virus à ARN se caractérise par une très grande diversité génétique. Il est classé en six types et de nombreux sous-types (indiqués comme 1a, 1b, etc), qui diffèrent sur le plan de la distribution géographique, des voies de transmission et des réponses au traitement. Leur rôle dans les variations des la progression de la maladie doit être clarifié pour la mise au point d'un vaccin ou d'une stratégie de contrôle.
On estime au niveau mondial à environ 170 millions le nombre de personnes à risque de cirrhose ou de cancer du foie à cause d'une infection chronique par le VHC.
Des chercheurs de l'université d'Oxford ont utilisé une technique épidémiologique dite de coalescence associée à une reconstruction phylogénétique à partir des séquences des gènes contemporains, ce qui livre des informations sur les dynamiques passées des populations et est utile pour déduire des comportements épidémiques du virus.
Ces méthodes ont été appliquées à quatre souches de VHC après une collecte des séquences des gènes de souches contemporaines. Les types 6 et 4, génétiquement éloignés, sont trouvés dans des zones géographiques limitées (le type 4 est présent en Afrique de l'Ouest et au Moyen-Orient, le type 6, en Asie du Sud-Est), ce qui indique une longue période d'infection dans ces régions. Les sous-types 1a et 1b, moins divergents, sont distribués de façon globale (ce qui indique une dissémination récente de ces souches à l'échelle mondiale).
L'étude montre des différences significatives dans l'histoire épidémiologique des souches.
1a et 1b : progression rapide
Les sous-types 1a et 1b semblent avoir émergé il y a une centaine d'années, alors que les types 4 et 6 sont plus anciens, apparus respectivement il y a 350 et 700 ans. Les vitesses de progression des sous-types 1a et 1b au cours des cent dernières années sont considérablement plus importantes que celles des souches 4 et 6, ce qui confirme les notions d'une propagation récente et importante des premiers et d'une longue période d'infection endémique localisée des seconds. Les types 4 et 6 ont atteint l'équilibre en termes de prévalence dans le passé ; le sous-type 1a demeure en croissance exponentielle et le sous-type 1b est en décroissance depuis peu de temps.
Reflets des modes de contamination
Ces observations sont le reflet des modes de transmission qui caractérisent les quatre souches ; 1a et 1b sont transmis rapidement par les réseaux de contamination contemporains : usage de drogues intraveineuses et produits sanguins infectés. L'amélioration du dépistage dans les produits sanguins témoigne de la récente diminution du sous-type 1b (1a est plutôt associé aux drogues intraveineuses).
Ces résultats confirment les observations épidémiologiques d'une décroissance au fil du temps de 1b comparativement à 1a.
Les infections par les VHC de type 4 et 6, prévalentes dans des régions peu développées, correspondent à une transmission communautaire, par des voies sociales et domestiques mal définies, ce qui explique la propagation plus précoce et les taux de croissance plus faibles.
En extrapolant ces résultats prospectivement, on constate que le sous-type 1a représente le danger le plus important en termes de santé publique, et qu'il en est potentiellement de même pour le sous-type 3a qui n'est pas inclus dans l'étude, mais qui est également fortement associé à l'usage des drogues intraveineuses. Les auteurs évoquent quelques incertitudes sur le plan quantitatif, mais considèrent leurs résultats comme solides sur le plan qualitatif.
Olivier G. Pybus et coll., « Science », vol. 292, 22 juin 2001, pp. 2 323-2 325.
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