LE PSORIASIS est une dermatose désespérément chronique, très « affichante », plus souvent prurigineuse qu'on ne le dit, affectant fortement la qualité de vie, souligne Michèle Corvest, représentante de l'Association de lutte contre le psoriasis en France. Pour une forme clinique donnée, l'impact des traitements (locaux ou généraux selon les formes) est variable d'un sujet à l'autre et au cours du temps chez un même patient. Il n'y a pas à ce jour de traitement curatif.
L'évaluation des traitements se fait sur des critères cliniques, notamment par la détermination de l'amélioration du Pasi (Psoriasis Area Severity Index), index de sévérité lésionnelle (érythème, épaisseur des squames, étendue des plaques) d'au moins 75 % ou de 50 % (PASI 75 et 50). Pendant trop longtemps, déplore le Pr A. Finlay (pays de Galles), l'évaluation du bénéfice sur la qualité de vie appréciée par le patient a été souvent négligée.
Anticorps monoclonal humanisé de type IgG.
L'efalizumab (Raptiva) est un anticorps monoclonal humanisé de type IgG. Il cible une sous-unité de molécule d'adhésion de la membrane du lymphocyte T, cellule immunitaire jouant un rôle clé dans la pathogenèse du psoriasis. Il induit un blocage sélectif et réversible de la fixation des lymphocytes T aux cellules endothéliales, de leur migration dans le derme et l'épiderme, de leur activation et réactivation. A noter que, à la différence de certains produits de même classe, les lymphocytes T « mémoire » ne sont pas touchés. Il est administré par voie sous-cutanée une fois par semaine (1 ou 2 mg/kg.)
L'étude Clear est le premier essai mené hors Etats-Unis, où ce traitement a reçu l'agrément de la FDA en 2003. Il s'agit d'un vaste essai multicentrique (Europe, Canada, Israël, Australie, Mexique) conduit de façon prospective randomisée en double insu contre placebo chez 793 patients ayant un psoriasis en plaques modéré à sévère, pour lequel un traitement général était indiqué.
L'essai avait plusieurs particularités, souligne le Dr Kim Papp (Canada). Il analysait les résultats sur trois mois dans un sous-groupe de 526 patients dits « en forte demande » de nouvelle option thérapeutique. C'est-à-dire des sujets non contrôlés par au moins deux autres traitements généraux actuellement disponibles, ou ne les supportant pas, ou pour lesquels ces traitements étaient contre-indiqués. En outre, au-delà des trois mois, l'essai était prolongé jusqu'à deux ans pour les sujets ayant atteint un Pasi 75 sous Raptiva qui étaient de nouveau randomisés (Raptiva ou placebo). Enfin, l'impact sur la qualité de vie appréciée par le patient a été pris en compte (Dlqi : index de qualité de vie en dermatologie).
L'efficacité de Raptiva à trois mois est confirmée : chez 31,4 % des patients, amélioration du Pasi au moins égale à 75 % (4,2 % sous placebo), pour plus de la moitié (53,7 %), amélioration du Pasi d'au moins 50 % (14,4 % sous placebo).
Qualité de vie améliorée.
Dans le groupe « en forte demande » les données sont comparables, 29,5 % ont un Pasi 75 (2,7 % placebo) et plus de 52 % un Pasi 50.
La qualité de vie est significativement améliorée à trois mois dans les deux cohortes analysées.
L'efficacité se manifeste de façon précoce dès le premier mois pour un nombre élevé de sujets. Les données sur deux ans suggèrent qu'elle est durable : Pasi 75 chez 52 % des patients à 6 mois et 55 % à 2 ans avec peu d'abandons de traitement.
Les effets indésirables semblent liés aux deux premières doses (fièvre, frisson, céphalées), ultérieurement, ils sont comparables à ceux du placebo. Dans l'essai, il n'y a pas eu de majoration significative des cancers ou d'infections.
Raptiva vient d'être autorisé en Suisse ; une demande d'AMM européenne est en cours. Pour l'instant, le mode de prescription en Europe n'est pas encore déterminé ; une distribution en officine est probable. Le produit peut être autoadministré à domicile ; dans cette éventualité, une information et une formation des patients pourront être organisées et soutenues par Serono.
Budapest, conférence de presse internationale organisée par Serono International, en marge de l'Eady, animée par le Pr L. Kemeny (Hongrie).
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