« Gente di Roma , d'Ettore Scola

Une âme en cent portraits

Publié le 06/04/2004

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« NOUS SOMMES LA depuis deux mille ans, égaux à nous-mêmes. » Nous ? Les Romains, les gens de Rome qui défilent dans des tableaux impressionnistes qui débordent de chaleur et d'amour pour la ville et ses habitants. Nous ? Chômeur, homme de ménage - qui déclame du Shakespeare -, sans-abri, immigrés, jeune femme amoureuse, actrice (Stefania Sandrelli dans son propre rôle), joueur de bingo, participants à la grande manifestation organisée par Nanni Moretti, danseurs, aristocrate...
Autant de rencontres au fil d'une promenade de vingt-quatre heures, du Capitole à la Piazza Navona en passant par des quartiers aussi divers que le ghetto et le Gay Village.
Tourné en numérique, avec une image moins léchée que celle d'autres films, c'est le genre qui le veut, « Gente di Roma » donne furieusement envie de partir pour la capitale italienne, pour se plonger dans ce bain de vie.
Il faut avoir la bouteille d'Ettore Scola - c'est son vingt-huitième film, il a bientôt 73 ans - et son talent de capteur d'humain pour réussir à faire vivre un film sans raconter d'histoire, en évoquant par petites touches les préoccupations les plus quotidiennes et les passions les plus partagées (le football, la nourriture, la politique, la danse). Sans oublier les symboles de cette ville qui en déborde, marquée par l'histoire, le christianisme, l'art, le cinéma. Un film qui pour évoquer le passé n'en est pas moins très actuel, pour stigmatiser la ségrégation, le racisme, les vieux abandonnés et autres plaies qu'un peu de chaleur humaine pourrait diminuer sinon abolir.
Depuis quelques films, Scola n'avait plus la faveur des distributeurs et des spectateurs français, qui l'avaient tant aimé. Espérons que ces irrésistibles gens de Rome inverseront la tendance.

> R. C.