Un repas dangereux
Une adolescente de 16 ans, asthmatique connue depuis l'âge de 6 ans, se rend dans une crêperie. Elle choisit une crêpe salée au sarrasin avec des champignons, de la crème fraîche, du jambon et du gruyère, agrémentée d'un verre de cidre. Trente minutes après l'ingestion, elle ressent une gêne respiratoire. Son corps se couvre d'urticaire. Un oedème de Quincke apparaît. Elle se sent « mal » et doit rapidement se rendre aux urgences.
Le bilan allergologique
Les tests cutanés faits à distance de l'épisode aigu montrent une positivité pour le lait de chèvre. Les CAP RAST lait de chèvre et lait de brebis sont supérieurs à 100 kU/l (classe 6). Tous les autres tests alimentaires sont négatifs, y compris ceux au lait de vache. Au cours de l'interrogatoire, la jeune fille signale l'apparition, auparavant, d'un oedème des lèvres avec dyspnée lors de l'ingestion de parmesan, de fromage de type « bleu » ou de fromage de chèvre. Elle disait faire attention, sans plus. La crêpe a pu être « contaminée » dans la cuisine par du fromage de chèvre.
Consulter dès les premiers symptômes
Cette histoire clinique montre qu'il faut être vigilant dès les premiers signes d'alerte pouvant faire évoquer une allergie alimentaire. Le bilan allergologique permet de cibler l'aliment en cause avec les prick-tests, le test de provocation labiale ou orale en milieu hospitalier, le bilan biologique avec les RAST.
Apprendre à évaluer les risques
Combien de patients sous-estiment les risques d'allergie alimentaire qui peuvent les conduire aux urgences pour choc anaphylactique ? La composition complexe de certains plats préparés (dans le commerce ou la restauration), sans que l'on puisse soupçonner la présence de l'allergène sous forme cachée, est aussi un facteur de risque.
Allergie au lait de chèvre
Associée ou non à l'allergie aux protéines de lait de vache, l'allergie au lait de chèvre est cependant moins fréquente. Le délai d'apparition des symptômes (souvent graves d'emblée : crise d'asthme aiguë, choc anaphylactique) est court.
Où trouve-t-on du lait de chèvre ?
Ces protéines animales se retrouvent sous forme nature dans les yaourts au lait de chèvre ou de brebis, mais également sons forme cachée : fromage de vache contaminé sur la chaîne de fabrication, pizza, pâtes préparées sous forme de lasagnes, de raviolis, à la carbonara, à la viande ou au fromage, moussaka, fromage ricotte, mozzarella. Se pose alors le problème du défaut d'étiquetage. Malgré, parfois, l'absence d'allergie au lait associée, tous les fromages ou plats cuisinés en contenant sont interdits, la dose déclenchante pouvant être infime et le lait de chèvre présent sous forme cachée.
Les allergies croisées
L'allergie croisée entre le lait de vache, le lait de chèvre et de brebis serait liée à une homologie de structure entre l'alpha caséine de ces laits. Cette association n'est pas systématique, puisque des allergies isolées au lait de chèvre sont décrites depuis peu.
Vache
Le lait de vache est responsable de 12,6 % des allergies alimentaires chez le jeune enfant. Cette allergie est souvent associée à une allergie croisée au lait de chèvre et de brebis (sans que la réciproque ne soit systématique) ou de jument. Classiquement, elle régresse dans 85 à 90 % des cas après l'âge de 2 ans. Elle est suspectée lors de l'apparition, dans les minutes ou les heures qui suivent l'ingestion, de manifestions aiguës digestives (vomissements, diarrhée, reflux gastro-œsophagien, constipation rebelle) ou extradigestives (oedème, urticaire, eczéma, rhinite, asthme) pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique ou de cassure chronique de la courbe de poids.
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