Une aiguille dans le coeur

Publié le 11/11/2001
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FMC D'AUTREFOIS

Un maître d'école amène un jeune garçon de 11 ans qui, dit-il, vient de s'enfoncer une aiguille dans la poitrine : en tombant, il a senti pénétrer « cette soi-disant épingle » qui avait été piquée dans ses vêtements. L'enfant va bien. Nous sommes le 6 octobre 1900. Le Dr Le Fort n'a donc que la sémiologie et faire un diagnostic et prendre une décision. D'où l'intérêt de la description qu'il fait dans le Bulletin de la Société médicale du Nord, le 23 novembre 1900.
« On aperçoit sur la peau, à gauche de la partie inférieure du sternum, une tâche rougeâtre, formée de quelques gouttelettes de sang séchées sur les bords, siégeant à 25 millimètres de la ligne médiane, en dehors du sternum à 3 centimètres au-dessus de la point de l'appendice xiphoïde. Le corps étranger a disparu entièrement sous la peau. La région soulevée présente près de son centre un orifice punctiforme. Elle est animée de battements rythmiques isochrones aux battements du cœur. Le mouvement communiqué est plutôt un mouvement de rotation ou de reptation qu'un mouvement de propulsion. Le pouls est bon, le faciès normal, la matité cardiaque n'a rien d'exagéré, les bruits sont bien frappés, la pointe du coeur bat normalement à sa place normale. La pénétration cardiaque paraissait probable et l'extraction s'imposait. »
Le Fort incise au-dessus du point soulevé. Il découvre l'aiguille dont la direction est oblique en arrière, à gauche et en haut. Le corps étranger est retiré à l'aide d'une pince. L'enfant est transporté chez lui couché, maintenu au lit dans une immobilité complète. Diète absolue. En quelques jours la guérison est complète.
« La pénétration cardiaque ne laisse aucun doute », écrit Le Fort. L'aiguille mesurait 40 mm et sa direction indiquait une « pénétration probablement assez profonde du ventricule droit. Il semble en outre que le mouvement compliqué de rotation et de propulsion, surtout quand ce mouvement a une grande amplitude, doit impliquer l'implantation cardiaque ; le mouvement d'une aiguille implantée enfoncée dans la paroi thoracique seule serait plutôt un mouvement de propulsion ou d'inclinaison ».

Dr E. de V.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7007