A QUI APPARTIENT le sein ? « Quand on appartient à tous, on n'appartient à personne » : l'analyse revient au Pr François Laffargue, président de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (Sfspm). C'est parce que la pathologie du sein réclame les savoirs de nombreuses disciplines que la Sfspm rassemble dans son conseil d'administration des gynécologues, chirurgiens, oncologues, radiothérapeutes, endocrinologues, radiologues, anatomopathologistes et chercheurs.
Cette société, parfaitement reconnue par les spécialistes, ne l'est pas du grand public. Elle est née en 1977 d'un paradoxe : « Alors que la pathologie mammaire est très fréquente, que le cancer du sein constitue un enjeu de santé publique, la spécialité de sénologie n'existe pas », explique le Pr Laffargue. Il est vrai que l'étude et l'enseignement de la biologie et de la pathologie mammaire ne relèvent d'aucune discipline universitaire particulière. « Finalement, nous faisons et avons toujours fait de la pluridisciplinarité sans le savoir, commente le président de la Sfspm ; nous avions une longueur d'avance sur la pensée actuelle de la médecine. »
Une chirurgie qui a changé.
La Société de sénologie a rendu des recommandations en partenariat avec l'Anaes (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé) et la Dhos (Direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins) sur la démarche qualité en sénologie, dont le dépistage de masse des cancers du sein. Le dépistage individualisé du cancer du sein a débuté en France en 1980, le dépistage organisé en 1989, sous l'impulsion de la Cnam. La DGS (Direction générale de la Santé) lançait en 1994 le Programme national de dépistage systématique du cancer du sein, qui se généralisait en 2004. Cette année, l'Etat prévoit un budget de 41 millions d'euros pour renforcer la mobilisation. Le dépistage est proposé à toutes les femmes de 50 à 74 ans, quels que soient leur provenance et leur revenu. Le Programme est mis en œuvre selon une procédure harmonisée et rigoureuse : mammographie avec deux incidences par sein, double lecture, agrément et formation des radiologues, des manipulateurs, évaluation nationale par l'Invs (Institut national de veille sanitaire). Plus de deux millions de mammographies ont été réalisées dans le cadre de ce dépistage en 2003 et 2004.
La chirurgie des lésions mammaires a également fait l'objet de recommandations, qui ont abouti à une circulaire de la Dhos en février 2005. « La chirurgie du cancer du sein a particulièrement changé car la pathologie elle-même a changé de façon considérable », explique le Dr Richard Villet, chirurgien à l'hôpital des Diaconesses à Paris et secrétaire général de la Sfspm. « Et la technique a évolué dans ce sens puisque l'on travaille désormais sur une image et non plus seulement sur une tumeur que l'on palpe. La chirurgie du sein est difficile car si l'opération rate, les effets ne sont pas immédiats, contrairement à d'autres chirurgies plus lourdes qui sont presque plus » protégées « par la difficulté même de l'acte. »
La circulaire énumère différents critères de qualité exigibles pour l'établissement de soins : un équipement adéquat et des procédures écrites qui définissent l'organisation des actes péri-opératoires. L'établissement doit être en mesure de transmettre aux autorités de tutelle le volume de son activité de chirurgie mammaire, l'introduction de quotas en quelque sorte.
Le prochain congrès annuel de la Sfspm se déroulera en novembre à Deauville et portera sur les « dogmes et doutes » sur les standards en sénologie.
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