LES CARACTÉRISTIQUES physiologiques du site d'application (âge, lésions cutanées, hydratation…) ainsi que les propriétés du produit et des excipients de formulation influencent fortement l'absorption dans la peau.
Les pommades
Dans leur grande majorité, les principes actifs administrés sous forme de pommade sont destinés à agir non loin de leur site d'application.
Trois niveaux d'action peuvent être recherchés :
– pour un traitement superficiel, l'actif devra être libéré et devra agir à la surface de la peau, au lieu d'application, sans pénétration. C'est le cas, par exemple, pour certains antibactériens locaux. Les excipients alors utilisés sont des produits gras, insolubles dans l'eau, à pouvoir de pénétration transcutanée faible (vaseline, paraffine liquide…) ;
– pour un traitement de tégument, l'actif doit traverser la barrière cutanée et atteindre le derme (pommades antifongiques). L'utilisation d'excipients pénétrants, facilement miscibles aux sécrétions sébacées (lanoline et dérivés…) et se liquéfiant facilement à la température du corps (huiles végétales…) est alors nécessaire ;
– pour le traitement de zones sous-jacentes de la peau (myorelaxants ou anti-inflammatoires), l'excipient doit véhiculer le principe actif à travers les différentes couches de la peau, pour atteindre ensuite les zones à traiter (muscle, articulation…), ce qu'il fera d'autant plus rapidement qu'il sera plus hydrophile.
Les gels
Les gels hydrophiles sont les plus utilisés. Ils sont formulés grâce à trois grandes catégories de gélifiants : les carbomères, les dérivés de la cellulose et les macrogols. Ils sont utilisés dans un grand nombre de domaines médicaux car ils peuvent véhiculer de nombreux actifs : anesthésiques, hormones, antiacnéiques, antibactériens, antiherpétiques, antiprurigineux, lipolytiques, veinotoniques…
Les dispositifs transdermiques
Selon la pharmacopée européenne, les dispositifs transdermiques sont des systèmes thérapeutiques qui, maintenus sur la peau par un adhésif, permettent d'administrer un principe actif sur une surface délimitée, en continu pendant plusieurs jours, à une vitesse constante et assurant un taux plasmatique efficace stable sur la durée d'utilisation. «Ces dispositifs présentent de nombreux avantages: pas de premier passage hépatique dégradant le principe actif, une longue durée d'action, donc un nombre d'administrations limité et une meilleure observance. Mais il existe aussi certains inconvénients car on n'est jamais à l'abri d'une irritation cutanée ou d'une réaction allergique. Il faut bien préciser au patient la nécessité de changer à chaque fois de zone d'application», explique Christine Lafforgue (maître de conférences en dermopharmacologie, faculté de pharmacie, Châtenay-Malabry). On distingue deux catégories :
– les dispositifs transdermiques réservoirs, comportant une membrane qui, lors de l'application, se place entre la préparation et la peau et régule la libération du principe actif ;
– les dispositifs transdermiques matriciels constitués d'une masse polymérique dans laquelle sont dissous le principe actif, le facilitateur de perméation et l'adhésif. La préparation se trouve directement au contact de la peau. «Ce système matriciel est largement supérieur au système réservoir. Les doses libérées sont extrêmement précises. L'ajustement d'une posologie par découpe du système serait même envisageable.» La structure et la composition des dispositifs sont trop diversifiées pour qu'il soit possible d'obtenir une bioéquivalence (il n'y a pas de générique).
«Les formes transdermiques se développent lentement. De nombreuses études en cours concernent l'administration par cette voie d'un triptan, de molécules contre le cancer de la prostate ou la maladie d'Alzheimer. »
Les dispositifs transdermiques actifs
Ils sont utilisés pour administrer des molécules de taille importante qui ne peuvent pas passer l'épiderme par diffusion passive. Le passage forcé à travers la peau est réalisé par :
– iontophorèse : elle consiste à appliquer une différence de potentiel à la surface de la peau avec deux électrodes. On rêve de ce système pour l'insuline ;
– électroporation : «c'est le même principe avec un courant de forte intensité et une faible différence de potentiel. Ce système est utilisé à l'hôpital pour le fentanyl», précise Christine Lafforgue ;
– sonophorèse : on utilise des ultrasons ;
– microeffraction : le principe actif est introduit dans la peau à l'aide de micro-aiguilles.
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