Le cas d’une femme de 40 ans arrivée en état d’acidocétose dans un hôpital de New York sert de prétexte au « Lancet » pour rappeler les règles de sécurité en matière de régime de réduction pondérale.
En février 2004, une femme obèse est admise pour une dyspnée sévère. Depuis cinq jours, elle se plaint d’une perte d’appétit, de nausées accompagnées de 4 à 6 épisodes de vomissement. Elle explique suivre depuis un mois, de façon très stricte, un régime Atkins, à faible teneur en hydrates de carbones et hyperprotidique. Elle se nourrit de viande, salades et fromage. S’y ajoutent des vitamines, des acides gras oméga 3, des électrolytes. Elle précise qu’elle réalise deux fois par jour des tests urinaires des corps cétoniques, très positifs.
A l’examen, sa fréquence respiratoire est de 20 à 30 par minute et il existe une douleur épigastrique modérée. Son IMC est chiffré à 41,6.
Les gaz du sang artériel montrent : pH : 7,19 (n : 7-40), p CO2 : 29 mmHg (n : 40) et une pO2 à 118 mmHg (n : 100). Il existe un trou anionique à 26 mmol/l et les bicarbonates sont bas à 8 mmol/l. La glycémie est à 4,2 mmol/l et la lipase élevée à 326 U/l. Les leucocytes sont également élevés à 13 000/mm3. Enfin, l’analyse d’urines confirme une cétonurie.
Admise en unité de soins intensifs, elle est mise sous perfusion de dextrose à 5 % avec du bicarbonate de sodium. Au deuxième jour, les leucocytes se normalisent. La lipase, après un pic, revient à la normale au troisième jour.
La patiente est sortante au quatrième jour. Lors de deux entretiens téléphoniques à trois et dix-huit mois, elle se déclare asymptomatique.
Produits par le foie.
Des divers diagnostics face à une acidose métabolique avec trou anionique profond (dont intoxication, abus d’alcool, diabète, jeûne…), les médecins américains retiennent l’acidocétose due au régime. Ils se fondent sur la positivité du sérum à l’acétone et à l’élévation du ß-hydroxybutyrate. Les corps cétoniques, rappellent les auteurs, sont produits par le foie en cas de baisse de l’insulinémie au cours du jeûne. Un régime pauvre en hydrates de carbone, comme Atkins, conduit à une telle production.
Dans le cas rapporté par le « Lancet », il est vraisemblable, expliquent les médecins, que la responsabilité de l’accident revient, sur un état de cétose de jeûne à la déshydratation due à la perte hydrique liée au glycogène et aux vomissements par pancréatite modérée ou gastro-entérite.
Dans un éditorial, deux épidémiologistes américains rappellent que l’un des principes fondamentaux du régime, chez des individus a priori à risque, tels que les obèses, est de leur enseigner comment perdre du poids de façon sûre et prolongée. Ils rappellent que les régimes avec restriction en hydrates de carbone présentent des carences en fruits, légumes et céréales. Enfin, et bien qu’aucune étude n’ait suffisamment duré pour qu’on en évalue les conséquences, ces régimes augmentent la charge protéique rénale et favorisent la perte calcique osseuse.
« Lancet », vol. 367, 18 mars 2006, p. 958 et 880-881 (éditorial).
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