IL EST FÂCHEUX d'aller jusqu'à Berlin pour y voir des mises en scènes d'opéra encore plus laides et vides de sens que celles que l'on voit à Paris.
Ainsi du « Fidelio » de Ludwig van Beethoven, présenté en ce très touristique mois de juin au Staatsoper Berlin Unter den Linden, l'ancien opéra de Berlin-Est, sans aucune grâce avec ses personnages nippés au marché aux puces. Cette production à la direction d'acteurs rudimentaire est signée Stéphane Braunschweig. Elle est quasi identique, à la distribution près, à celle que cet alors jeune metteur en scène français avait présentée il y a treize ans au théâtre du Châtelet, lors d'une tournée du Staatsoper Berlin et que l'on trouvait déjà ringarde. Sous la direction honnête de Sébastian Weigle, la distribution de « deuxième garniture » est probablement moins bonne que celle de n'importe quelle scène lyrique de province allemande.
Maison historique, fondée par Fréderic le Grand et affectueusement nommée Linderoper, le Staastoper est au centre d'une polémique, quant à sa restauration, dont les crédits sont en passe d'être votés. Daniel Barenboïm, actuel Generalmusikdirektor de l'établissement, plaide pour une option futuriste et la transformation de la salle historique en un amphithéâtre moderne, selon le projet de l'architecte Klaus Roth, qui offrirait un plus grand nombre de places et une meilleure acoustique (comme si la chose était prédictible…). D'autres, dont Ulrich Eckhardt, l'ancien intendant des Berliner Festwochen, verraient bien la restauration à l'identique de la salle de Richard Paulick, pour garder à Berlin au moins une maison d'opéra en état historique. Réponse à la rentrée !
À l'Ouest, peu de nouveau…
La grande maison construite après la guerre pour faire le pendant occidental du Staatsoper, le Deutsche Oper Berlin, avant la réunification maison au répertoire immense et de qualité constante, s'est mise plus tard, mais avec beaucoup d'énergie, aux mises en scènes perverses qui sont désormais la règle pour les nouvelles productions. On insistera peu sur celle commise par Tatjana Gürbaca pour « le Vaisseau fantôme », de Richard Wagner. Du grand crash boursier provoqué par l'arrivée du Hollandais volant dans le port danois au suicide collectif que devient la fête des marins au dernier tableau, on aura compris qu'il ne reste que peu de place pour l'atmosphère maritime de l'oeuvre. Si au moins les personnages étaient crédibles… ou sympathiques. Représentation catastrophique donc, malgré une bonne direction de Jacques Lacombe, à la tête d'un orchestre rompu à tous les styles. Distribution vraiment médiocre avec Ricarda Merbeth, qui a trop forcé sa voix dans des rôles plus lourds pour avoir la ligne surnaturelle de Senta, et un Hollandais (Johan Reuter) sans véritables couleurs sombres ni cantabile. Bien peu de choses en vérité.
Staatsoper Berlin (+ 49.30.20.25.16.08 et www.staatsoper.berlin.de). Fin de saison avec la tournée de la Martha Graham Danse Company jusqu'au 13 juillet. Reprise de « Fidelio » en plein air le 30 août (Bebelplatz, entrée gratuite).
Deutsche Oper Berlin (+ 49.30.343.84.240 et www.deutscheoperberlin.de) du 4 juillet au 1er août : « Porgy and Bess », de Gershwin, par le Cape Town Opera.
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