DE NOTRE CORRESPONDANTE
LES ACCIDENTS vasculaires cérébraux (AVC) représentent la première cause de handicaps acquis à l’âge adulte, et la troisième cause de mortalité dans le monde occidental (après les maladies coronariennes et les cancers).
Etant donné que la population âgée augmente rapidement dans le monde, il devient urgent et important de s’intéresser à la prévention primaire des AVC.
La majorité (80 %) des AVC sont ischémiques (on les appelle aussi infarctus cérébraux) ; les autres AVC sont hémorragiques. On classe les infarctus cérébraux en trois sous-types : l’infarctus lacunaire dû à une artériosclérose des petites artères perforantes, l’infarctus athérothrombotique dû à une athérosclérose des artères majeures, et l’infarctus cardio-embolique dû à une origine cardiaque de l’embolie.
Plus de 50 000 variants étudiés chez plus de 2 000 Japonais.
Les études de jumeaux et de familles indiquent que les facteurs génétiques contribuent un peu au risque d’AVC.
La quête de ces facteurs a permis d’identifier jusqu’ici deux gènes qui confèrent un risque substantiel d’AVC ischémique dans les populations d’origine européenne. Ces deux gènes encodent des enzymes, PDE4D (phosphodiestérase 4D) et FLAP (arachidonate 5-lipoxygénase-activating protein), ce qui suggère de nouvelles stratégies thérapeutiques pour la prévention de l’AVC.
Une équipe japonaise, dirigée par Michiaki Kubo (université de Tokyo), a identifié un autre gène de susceptibilité à l’AVC. L’étude est publiée dans la revue « Nature Genetics ».
Les chercheurs ont conduit une étude cas-témoins portant sur plus de 2 000 Japonais (individus avec AVC et témoins appariés pour l’âge et le sexe). Ils ont examiné chez ces individus plus de 50 000 variants génétiques trouvés dans le génome de la population japonaise.
Ils ont ainsi découvert qu’un variant du gène PRKCH est significativement associé à l’infarctus lacunaire ; cette association a été confirmée dans une seconde étude cas-témoins portant sur d’autres Japonais.
Le gène PRKCH code pour une protéine kinase C, une enzyme qui modifie d’autres protéines en attachant un groupe phosphate. Le variant en question (1425G/A) substitue un acide aminé au site de fixation ATP de l’enzyme et, comme le montrent les chercheurs, cela augmente l’activité kinase de l’enzyme.
L’enzyme exprimée dans les lésions athéroscléreuses humaines.
Il apparaît que l’enzyme est abondamment exprimée dans les lésions athéroscléreuses humaines (cellules endothéliales, macrophages et cellules musculaires lisses) et que son expression s’élève au fur et à mesure que progresse la lésion athéroscléreuse.
Les protéines kinase C régulent une variété de fonctions cellulaires importantes, dont la prolifération, la différenciation et l’apoptose, mais les substrats spécifiques de l’enzyme codée par PRKCH ne sont pas encore connus.
Dès lors, il reste à savoir comment l’enzyme codée par PRKCH intervient précisément dans le développement et la progression de l’athérosclérose.
L’équipe note par ailleurs que ce variant pourrait être spécifique à la population asiatique ; leurs données préliminaires suggèrent qu’il est extrêmement rare dans les populations d’origine européenne et africaine.
«Bien que la fonction et la voie de signal de PRKCH ne sont pas complètement élucidées, ces résultats pourraient apporter de nouveaux éclaircissements sur la pathogenèse de l’athérosclérose, concluent les chercheurs. Et ils suggèrent la possibilité de nouvelles mesures préventives pour l’infarctus cérébral.»
« Nature Genetics », 7 janvier 2007, Kubo et coll., DOI : 10.1038/ng1945.
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