LA FRÉQUENCE du cancer de la prostate a augmenté de façon constante au cours des quatre dernières décennies. Il arrive maintenant en deuxième place, après les cancers cutanés, chez les hommes occidentaux. Il représente la seconde cause de mortalité par cancer chez l’homme. Malgré sa fréquence, les progrès dans la connaissance de sa carcinogenèse restent modestes.
Trois facteurs de risque ont été fermement établis : l’âge, une prédisposition familiale et l’origine ethnique. Ainsi, l’incidence du cancer de la prostate est 1,6 fois plus élevée dans la population d’origine africaine que dans la population caucasienne. De plus, la mortalité qui est liée à ce cancer dans la population afro-américaine est 2,4 fois plus élevée. Ces différences sont probablement expliquées par des facteurs génétiques et environnementaux.
Une recherche infructueuse.
«En dépit des preuves étayant le rôle des facteurs génétiques dans le cancer de la prostate, la recherche de variants à risque communs a été largement infructueuse», observent Amundadottir, Stefansson et coll. dans la revue « Nature Genetics ».
L’équipe de Kari Stefansson, de la société biotechnologique islandaise DeCode Genetics (Reykjavik), en collaboration avec d’autres chercheurs islandais, suédois et américains, annonce l’identification d’un variant commun de susceptibilité sur le chromosome 8 (région 8q24).
La région 8q24 a d’abord été identifiée par une étude de liaison portant sur 871 hommes islandais atteints d’un cancer de la prostate et leurs 323 familles correspondantes. Puis, par méthode de clonage positionnel, ou étude d’association, l’allèle 8 du microsatellite DG8S737 a été associé au cancer de la prostate dans trois séries de cas-témoins : Islandais (1 291 cas, 997 témoins), Suédois (1 435 cas, 779 témoins) et Américains caucasiens (458 cas, 247 témoins). Dans ces études, l’odds ratio de l’allèle 8 était estimé à 1,62.
Cet allèle à risque était porté par environ 19 % des hommes concernés et 13 % de la population générale d’origine européenne. Ainsi, 8 % des cancers de la prostate chez les Européens pourraient être attribués à ce variant à risque.
41 % des hommes atteints.
Cette association a été confirmée dans une série de cas- témoins d’hommes afro-américains, avec le même odds ratio. L’allèle à risque était porté par 41 % des hommes atteints et 30 % de la population générale afro-américaine. Les chercheurs estiment que 16 % des cancers de la prostate chez les Afro-Américains pourraient être attribués à ce variant.
«Ce variant génétique pourrait donc contribuer à la plus grande incidence de cancer de la prostate chez les Afro-Américains que chez les hommes d’origine européenne», conclut l’équipe. Qui ajoute que, pour l’instant, le variant à risque n’a pas pu être lié à un gène particulier.
« Nature Genetics », juin 2006, DOI : 10.1038/ng1808.
La radiothérapie aussi avant 55 ans
Comme les hommes plus âgés, les moins de 55 ans qui présentent un cancer de la prostate localisé peuvent être traités par radiothérapie externe. Leur pronostic à moyen terme est aussi bon que lorsque les traitements chirurgicaux ou la curiethérapie endoprostatique sont utilisés. Jusqu’à présent, en effet, lorsqu’un tel cancer était diagnostiqué chez un homme jeune, les oncologues proposaient généralement des traitements lourds (prostatectomie radicale même dans les formes non métastatiques) en raison du risque supposé, mais non prouvé, de mauvais pronostic. Un premier travail de l’équipe de cancérologues coordonnés par le Dr André Konski avait déjà permis de confirmer l’efficacité de la radiothérapie externe chez les plus de 65 ans. La même équipe a mis en place sur une durée de cinq ans un travail évaluant l’efficacité d’une prise en charge par radiothérapie externe dans trois groupes d’hommes : moins de 55 ans, de 60 à 69 ans et plus de 70 ans. La survie à cinq ans s’est révélée sensiblement semblable dans les trois groupes : 94, 95 et 87 %, respectivement. Il en est allé de même pour la survie sans récidive avec 96, 97 et 98 %, ainsi que pour la survie sans majoration du taux de PSA (82, 76 et 70 %).
« Cancer », mai 2006.
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