LE CANCER DU COL de l’utérus est la deuxième cause de cancers féminins dans le monde. Il est responsable d’un décès toutes les deux minutes, soit 270 000 chaque année, dont 80 % sont enregistrés dans les pays en voie de développement. Il est maintenant établi que l’infection persistante à papillomavirus fait le lit des lésions précancéreuses et du cancer du col utérin.
Une quinzaine de génotypes ont été mis en cause et un ou plusieurs types de virus sont présents dans 99,7 % des cancers du col. Les HPV de type 16 et 18 sont les plus fréquents dans les lésions précancéreuses (CIN 3) et les cancers. C’est donc principalement sur ces deux génotypes que se sont portés les efforts de développement d’un vaccin.
Issues de la protéine majeure de capside L1.
Fondé sur l’utilisation de particules virales non infectantes, issues de la protéine majeure de capside L1, le vaccin bivalent HPV 16 et 18 développé par les Laboratoires GlaxoSmithKline est composé de 40 mg d’HPV 16 et 18 VLP L1. L’adjuvant utilisé est de l’AsO4, adjuvant original composé d’aluminium, et d’un immunogène, le MPL (3-deacylated monophosphoryl lipide A), qui induit une réponse immunitaire plus forte que le seul adjuvant en aluminium qui compose la majorité des vaccins.
Publiée en 2004, une étude multicentrique randomisée contre placebo a été menée au Brésil, au Canada et aux Etats-Unis chez 1 113 femmes âgées de 15 à 25 ans. Elle devait évaluer l’efficacité, l’immunogénicité et l’innocuité du vaccin bivalent HPV 16-18, à raison de trois doses administrées à 0, 1 et 6 mois. Ses résultats laissaient entrevoir la possibilité de prévenir le cancer du col : prévention de 95 % des infections incidentes et de 92,9 % des anomalies cytologiques associées à l’infection par les HPV 16 et 18.
Pour vérifier l’effet à long terme du candidat vaccin bivalent HPV 16-18, le Pr Diane Harper et son équipe (Darthmouth, Etats-Unis) ont suivi pendant plus de quatre ans 776 femmes qui avaient participé à l’essai pilote. Les résultats ont été publiés dans le « Lancet » du 6 avril 2006.
Les auteurs constatent que le vaccin induit une immunogénicité élevée, que son administration n’entraîne pas d’effets indésirables significatifs, qu’il offre une protection importante contre les infections par le HPV 16 ou 18 et qu’il diminue le risque d’apparition de lésions du col liées à ces infections.
Une concentration élevée d’anticorps.
Au terme de 4,5 ans, plus de 98 % des femmes vaccinées gardent une concentration élevée d’anticorps anti-HPV 16-18, 96,9 % sont protégées contre les infections incidentes, 94,3 %, contre les infections persistant 6 mois, 100 %, contre les infections persistant 12 mois. Une analyse associant l’efficacité initiale aux données du suivi prolongé permet de conclure à une efficacité vaccinale préventive de 100 % contre les néoplasies intraépithéliales liées aux HPV 16 et 18.
L’algorithme de prise en charge clinique a permis de faire la distinction entre les lésions qui ont régressé spontanément et celles qui ont évolué vers les lésions précancéreuses.
En outre, il semblerait que le vaccin Cervarix protège non seulement contre les HPV 16 et 18, mais également qu’il soit doté d’une immunité protectrice croisée contre les HPV 45 et 31 impliqués dans la genèse du cancer du col.
Ces résultats, conclut le Pr Diane Harper, «ouvrent la voie à une adoption à grande échelle de la vaccination contre les HPV pour prévenir le cancer cervical».
Cervarix devrait être mis sur le marché en Europe en 2007.
EUROGIN 2006, 6e Congrès scientifique international, conférence de presse organisée par les Laboratoires GlaxoSmithKline et présidée par le Dr Xavier Bosch (Barcelone, Espagne).
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