L’ASTHME, qui touche quelque 300 millions de personnes dans le monde et est responsable chaque année de 250 000 décès, est le plus souvent provoqué par une réactivité anormale à des allergènes de l’environnement. L’un des volets de la prise en charge de l’asthme allergique se fonde sur la désensibilisation (immunothérapie spécifique) : des doses croissantes d’allergènes sont administrées afin de diminuer l’hypersensibilité et réduire les symptômes lors d’une exposition ultérieure.
Des chercheurs nantais (institut du thorax, CNRS/INSERM/université de Nantes) ont développé une technique de vaccination basée sur l’ADN de la substance allergisante. L’immunothérapie ne se base plus sur l’administration répétée d’extraits d’allergènes, mais sur le recours à des séquences d’ADN spécifiques de l’allergène et qui sont responsables de l’allergie. Des études antérieures avaient montré le potentiel thérapeutique de cette approche, mais il fallait trouver des techniques efficaces à partir d’une faible dose d’ADN, afin qu’elles puissent être utilisables chez l’homme.
Dans un premier temps, l’équipe nantaise s’est attachée à prouver l’efficacité de cette vaccination à base d’ADN contre l’allergène spécifique Derf1, qui est très commun en Europe. Il est en effet véhiculé par l’acarien Dermatophagoides farinae et des anticorps IgE spécifiques sont retrouvés chez plus de la moitié des patients allergiques aux acariens.
La synthèse protéique de l’allergène.
Les chercheurs ont ainsi associé des séquences génétiques « d’intérêt » de l’allergène Derf1 à un nanovecteur constitué d’un polymère synthétique. La séquence d’ADN, transportée dans les cellules musculaires par ce biais, a entraîné la synthèse protéique de l’allergène, ce qui a permis de moduler la réponse allergique aux acariens chez des animaux asthmatiques. Dans un deuxième temps, en effet, ce vaccin mis au point sur un modèle de souris saines a été optimisé sur un modèle de souris asthmatiques. Les chercheurs ont pu montrer que ce vaccin déclenche la fabrication d’anticorps spécifiques anti-Derf1 ainsi qu’une réponse cellulaire spécifique de Derf1. Le système immunitaire est alors orienté vers une réponse non allergisante, protectrice quand l’allergène est rencontré. Chez les souris vaccinées, une réduction significative de l’hypersensibilité des voies aériennes et des niveaux de cytokines inflammatoires a été observée après deux injections intramusculaires administrées à trois semaines d’intervalle. Pour les auteurs de ce travail, ces résultats valident le potentiel de ce nouveau nanovecteur pour la vaccination à ADN.
Beilvert F et al. DNA/amphiphilic block copolymer nanospheres reduce asthmatic response in a mouse model of allergic asthma. Hum Gene Ther. 2012 Jun;23(6):597-608. Epub 2012 Jun 25.
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