« NOS OBSERVATIONS suggèrent qu'un vecteur adénoviral exprimant des épitopes d'agent pathogène sur leur capside, est susceptible de protéger contre un pathogène extracellulaire, affirment les chercheurs ; il permettrait, en outre, d'amplifier les réponses humorales spécifiques de l'épitope par des administrations répétées, stratégie qui se révélerait très utile dans des situations infectieuses où l'immunité humorale est protectrice. »
Pseudomonas aeruginosa est un germe à Gram négatif, responsable d'infections respiratoires chez les personnes affectées par la mucoviscidose ou immunodéficientes. L'antibiothérapie est inopérante pour obtenir l'éradication totale du germe hors de la sphère respiratoire, et les exacerbations sont fréquentes dans les populations à risque. Les infections à P. aeruginosa sont une cause importante de mortalité et de morbidité dans la mucoviscidose.
P. aeruginosa est une bactérie extracellulaire ; aussi peut-on supposer que l'immunité humorale pourrait à elle seule permettre de prévenir l'infection. En dépit de cela, il n'existe pas encore de vaccin efficace.
Un rôle d'adjuvant immunitaire.
« Etant donné que les adénovirus représentent des vecteurs de gènes capables d'infecter facilement les cellules dendritiques, ils ont un rôle d'adjuvant immunitaire », indiquent Stefan Worgall, Ronald Crystal et coll. (Cornell University, New York), qui présentent un travail d'élaboration d'un vaccin anti- P. aeruginosa, fondé sur le vecteur adénoviral.
Le vecteur, défectif pour la réplication, a été modifié de manière à inclure un épitope de la membrane la plus externe de P. aeruginosa, OprF (14 acides aminés), présenté sur la capside virale. OprF avait été identifié dans des travaux antérieurs comme un épitope candidat intéressant pour un vaccin.
Les chercheurs ont procédé à l'immunisation de six souris à l'aide du candidat vaccin intitulé « AdZ.Epi8 ». Des réponses cellulaires spécifiques ont été observées et, surtout, ce qui est le plus important, des réponses humorales. Selon les auteurs, l'immunité générée est suffisante pour protéger contre trois souches différentes de P. aeruginosa (une souche de laboratoire et deux souches provenant de patients atteints de mucoviscidose), administrées à dose létale par voie intrapulmonaire.
Amplification de la réponse immunitaire.
En outre, l'administration répétée du vecteur produit une amplification de la réponse immunitaire. Ce qui est un effet inattendu, car, habituellement, les adénovirus ne permettent pas l'administration répétée.
Les réponses sont toutefois dépendantes de l'haplotype de la souris : les titrages anti-OprF sont plus élevés chez certains types de souris que chez d'autres.
Il reste donc encore un gros travail à fournir avant d'envisager des applications pratiques, notent les auteurs. Ils suggèrent notamment une amélioration de la stratégie, en combinant les épitopes de l'agent pathogène inclus dans la capside virale, avec de l'ADN codant le même antigène.
« Journal of Clinical Investigation », édition avancée en ligne.
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