ON ANNONCE pour février à l’Odéon « Un tramway nommé désir », avec Isabelle Huppert et une mise en scène de Krzysztof Warlikowski. En ce moment, deux grandes pièces de l’écrivain américain sont à l’affiche. « Soudain l’été dernier » à la Tempête, mise en scène de René Loyon, « la Ménagerie de verre », à Aubervilliers, mise en scène de Jacques Nichet.
Sans doute est-il périlleux de mettre en scène ces pièces qui ont donné lieu à de magnifiques films. Ajoutons que les ayants droit sont difficiles à convaincre. Pour « Soudain l’été dernier », que l’on n’avait pas vue au théâtre depuis des années, en France, René Loyon opte pour la rigueur sans renoncer aux signes de l’environnement sensuel et, si le grand jardin n’est qu’une paroi sur laquelle sont projetées des ombres, quelques éléments servent d’appui aux interprètes. Mais ce sont les interprètes qui donnent la couleur, très bien dirigés par René Loyon. Le face-à-face terrible est celui d’une jeune fille, Catherine Holly (Marie Delmarès, une jeune et subtile comédienne), qui a vu mourir son cousin dans d’épouvantables circonstances et que sa famille a jetée dans une clinique psychiatrique. La femme qui paye pour cela, Mme Venable (Agathe Alexis, qui compose la férocité avec talent), la mère du jeune homme, qui, d’habitude, l’accompagnait dans ses lointains voyages, veut transférer Catherine dans un hôpital public et lui sous-tirer à toute force la « vérité », car elle ne veut pas admettre ce qui s’est passé. Voilà pour dire schématiquement une situation très complexe et vénéneuse. Pas vraiment d’action ici. Tout se noue et se dénoue dans un long récit de Catherine. C’est fascinant.
Dans « la Ménagerie de verre », c’est une petite cellule familiale : le père est parti depuis longtemps, le fils, Tom (excellent Stéphane Facco) travaille dur pour subvenir aux besoins de sa rêveuse de mère Amanda, (Luce Mouchel, formidable) et de Laura, sa petite sur boiteuse (Agathe Molière, merveilleuse). La mère veut absolument faire venir un « galant » et marier sa fille. Cela tombe sur Jim (parfait Michaël Abiteboul) qui travaille avec Tom et a connu Laura au collège. La ménagerie de verre, ce sont les petits animaux de verre filé qui sont tout le souci de Laura. On le sait, Tennessee Williams a mis un peu de sa propre vie dans cette intrigue et elle nous touche d’autant plus.
C’est une pièce assez souvent montée en France. Ici, Jacques Nichet, dans un geste d’une force superbe, arrache la pièce à toute représentation par trop réaliste. Un plateau sombre ferme par un rideau de fines lamelles qui prennent la lumière, des projections de chapitres, comme s’il s’agissait d’un film d’autrefois, quelques costumes. Un travail d’une force et d’une intelligence remarquables.
Deux beaux spectacles, avec de très bons comédiens très bien dirigés. Et des histoires passionnantes à commenter, à méditer sans fin.
« Soudain l'été dernier », Théâtre de la Tempête (tél. 01.43.28.36.36). Durée : 1 h 40. Jusqu'au 13 décembre.
« La Ménagerie de verre », Théâtre de la Commune d'Aubervilliers (tél. 01.48.33.16.16). Jusqu'au 6 décembre. Durée : 2 heures.
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