C'EST L'UN des artistes les plus chers du marché de l'art. Ses grandes sculptures colorées et ludiques, qui glorifient des objets du quotidien le plus banal, relevant de la culture populaire, s'arrachent à prix d'or (en juillet dernier, sa sculpture en acier chromé « Balloon flower » fut adjugée à 16,3 millions d'euros chez Christie's, et son « Rabbit » a été vendu 80 millions de dollars). Né en 1955 en Pennsylvanie, Jeff Koons est ce qu'on appelle une star de l'art contemporain, avec tout ce que cela sous-entend de démesure et de provocation.
Pour une durée de trois mois, il a installé ses oeuvres des années 1980, et d'autres plus récentes, dans les chambres, les alcôves et les galeries du château de Louis XIV : un immense homard en aluminium, rouge flamboyant, est suspendu dans le salon de Mars ; un lapin en acier inoxydable a pris place dans le salon de l'Abondance ; une grande sculpture en porcelaine représentant Michael Jackson trône au milieu du salon de Vénus ; une installation composée d'aspirateurs orne l'antichambre du Grand Couvert, et ainsi de suite. Il y a dans tout cela beaucoup d'incongruité.
Un artisan de la matière.
L'art de Jeff Koons n'est pas inintéressant pour autant. En authentique artisan de la matière, il manie – et fait manier par les collaborateurs de son gigantesque atelier – le bois, le fer, le verre, l'inox, le plastique, avec dextérité et même virtuosité. On peut aussi apprécier son instinct des formes et des couleurs et son talent de décorateur. En revanche, l'intérêt d'exposer ces sculptures dans le château de Versailles n'est pas du tout évident.
Est-ce que cette confrontation a vraiment un sens, et lequel ? Qu'est-ce que cela apporte aux peintures de Le Brun d'être rapprochées des sculptures pop de Jeff Koons et à celui-ci de s'exposer à la comparaison avec Le Brun ? On se le demande. Les commissaires de l'exposition Elena Geuna et Laurent Le Bon estiment pour leur part que «la création artistique contemporaine permet une autre perception de ce monument vivant». Franchement, est-ce que le château de Versailles et ses jardins nécessitaient qu'on en ait «une autre perception» ?
Château de Versailles. Accès par la cour d'honneur. Tél. 01.30.83.78.00. Tlj de 9 h à 18 h 30 (puis à partir du 1er novembre, de 9 h à 17 h 30 ; le samedi jusqu'à 22 h). Entrée : 13,50 euros (TR : 10 euros). Jusqu'au 14 décembre.
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