SELON UNE RÉCENTE revue de la littérature, la prévalence de l'incontinence anale (IA) est très variable du fait des différences de définition, allant de 1,4 à 19,6 % selon les publications. «Dans un questionnaire envoyé à une population habitant en région Rhône-Alpes, nous avons observé une prévalence de 5,1% de l'IA dans la population générale adulte. Même si elle est significativement plus élevée chez les femmes (7,5 %) , elle est tout de même fréquente chez les hommes (2,4 %) .»
Les caractéristiques chez les hommes sont moins bien connues que chez les femmes, d'où le souhait de l'équipe de mieux les circonscrire.
Quatre vingt-douze hommes se présentant avec une incapacité à la rétention des matières fécales et chez qui une IA a été diagnostiquée, et qui ont été adressés à la consultation pour échographie endo-anale, ont été inclus dans cette analyse. Le groupe se présentait avec un score C de Jorge et Wexner compris entre 5 et 20 (20 étant le maximum de la gêne).
Le score d'incontinence anale selon Jorge et Wexner cote la durée des troubles, les fuites de gaz, des matières fluides ou solides, l'utilisation de garnitures et l'altération de la qualité de vie.
Les épisodes d'IA étaient quotidiens chez 44 % des patients qui se plaignaient de flatulences incontrôlées ; hebdomadaires chez 30 % des patients qui avaient une incontinence des matières fécales fluides et chez 39 % de ceux qui avaient une incontinence des solides.
Quatre-vingt patients devaient utiliser des garnitures. Les troubles étaient présents depuis une durée moyenne de 50 ± cinq mois (plus de quatre ans).
Le problème concerne majoritairement des personnes âgées de plus de 45 ans, mais on trouve tout de même 9 patients de moins de 45 ans.
Insuffisance des sphincters interne et externe.
Les résultats de l'échographie endo-anale montrent que chez 11 patients existait une insuffisance des sphincters externe et interne ; chez 3 patients, un déficit du sphincter interne seul ; et chez 3 autres, un défaut du sphincter externe isolé.
Dans cette population de 92 hommes, 44 patients avaient un passé de chirurgie coloproctologique, majoritairement pour hémorroïdectomie (15), mais aussi pour traitement d'abcès ou de fistule anale (13), pour une dilatation anale (2). La chirurgie avait comporté une anastomose colo-rectale ou colo-anale dans 9 cas.
«Les insuffisances sphinctériennes sont significativement plus fréquentes chez les patients ayant subi une chirurgie proctologique (p < 0,0001) :seize des dix-sept patients ayant une insuffisance sphinctérienne avaient été opérés.»
Néanmoins, les auteurs avertissent : «La responsabilité des défauts sphinctériens postchirurgicaux comme cause d'IA doit être considérée avec précaution. Beaucoup de ces défauts sont asymptomatiques. Comme le montre, par exemple, une série de 50sujets chez qui un défaut sphinctérien a été trouvé après une échographie endo-anale postchirurgicale, dont 70% ne présentaient pas d'IA.»
Altération de la qualité de vie.
Une cotation de l'index GIQLI (Gastro-Intestinal Quality of Life) a été réalisée chez 62 patients. L'altération de la qualité de vie qui y est enregistrée est corrélée de manière significative à la sévérité de l'IA (p = 0,0004).
Les résultats de la manométrie ano-rectale sont connus pour 68 patients.
La pression au repos enregistrée chez les patients ayant une insuffisance sphinctérienne est inférieure à ce qu'elle est chez les patients n'ayant pas ce défaut. Sur un plan subjectif, le seuil des sensations rectales est plus bas chez les patients souffrant d'IA.
En revanche, la compliance (capacité de distension) et l'amplitude des contractions volontaires ne diffèrent pas significativement d'un groupe à l'autre.
F. Léger, L. Henry, F. Mion, S. Roman, X. Barth, C. Colin, A.-M. Schott, H. Damon. « Gastroenterol Clin Biol », 2008 ; 32 : 328-336.
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