LA CGT SANTÉ tente chaque année d’évaluer le sous-financement du secteur hospitalier, au moyen d’une enquête nationale.
En 2006, le niveau atteint serait record. D’après le syndicat, il a manqué 1,2 milliard d’euros, sur un budget total de 42,5 milliards d’euros. Alors que, selon le ministère de la Santé, un établissement sur trois est en déficit, la CGT juge qu’ils sont plutôt deux sur trois – et neuf CHU sur dix. Des chiffres en accord avec les estimations de la Fédération hospitalière de France (FHF). Six établissements sur dix ont lancé un plan de redressement financier, indique également la CGT Santé. Ces données proviennent de l’extrapolation des résultats d’une étude ciblée sur un échantillon d’établissements publics et privés, représentant 20 % des personnels et 31,21 % du budget hospitalier national.
La fédération syndicale a demandé aux hospitaliers d’expliquer les déficits : l’insuffisance de financement par les tutelles, la tarification à l’activité (T2A), l’inadéquation entre les objectifs et les moyens sont les trois causes les plus fréquemment citées.
La CGT Santé a également sondé les salariés pour mesurer l’impact de la situation budgétaire sur leur travail quotidien. Trois sur quatre déplorent une dégradation de leurs conditions de travail. «On est dans des choix de productivité, les premières victimes sont les personnels», déclare Philippe Crepel, de la CGT Santé. Plus de six hospitaliers sur dix constatent une réduction des effectifs, tandis que 44 % des sondés observent une recomposition ou une diminution de l’offre de soins dans leur établissement.
Près du quart des hospitaliers considèrent en outre que le déficit financier des hôpitaux se traduit par une remise en cause locale de la réduction du temps de travail. Le Dr Christophe Prudhomme, responsable d’un syndicat de médecins à la CGT, juge à ce sujet que le gouvernement actuel n’a pas compris les attentes réelles du monde hospitalier : «Le ministre porte-parole (Xavier Bertrand, ndlr) s’est fait un peu chahuter à Pontoise», lors d’une visite de campagne du candidat Sarkozy (« le Quotidien » du 2 février), «en proposant de travailler plus pour gagner plus. Aujourd’hui à l’hôpital, tout le monde travaille plus de 35heures, mais il n’y a pas d’argent pour financer les comptes épargne-temps! Rien qu’à l’AP-HP, il y a 700000jours de RTT stockés».
Pour relancer la machine hospitalière, la CGT Santé formule plusieurs revendications : création de 100 000 emplois, relèvement des quotas infirmiers, allocation de 2 milliards d’euros supplémentaires aux hôpitaux en 2007 et rattrapage du déficit 2006 (1,2 milliard d’euros). «Augmentons les salaires et négocions un plan d’urgence pour l’emploi et la formation», ajoute Nadine Prigent, secrétaire générale de la CGT santé.
La CGT mène actuellement une vaste réflexion sur l’évolution du système sanitaire français. D’autres propositions seront présentées en mars. Pour le Dr Prudhomme, urgentiste en Seine-Saint-Denis, il est temps de faire tomber certains tabous. «Aujourd’hui, il y a un problème d’accès aux soins dans certains territoires, dit-il. La liberté d’installation et le système conventionnel ont montré leurs limites, il faut tout revoir.On propose de s’orienter vers un exercice médical mixte, avec une rémunération mixte. Les actes des médecins libéraux devraient être en partie forfaitisés, et payés davantage dans les zones sous-médicalisées», suggère le syndicaliste.
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