Philippe Besson nous avait jusqu'à présent trop gâtés : après « En l'absence des hommes », prix Emmanuel-Roblès, après « Son frère », porté à l'écran par Patrice Chéreau, et après « L'Arrière-saison », grand prix RTL-Lire, on est un peu déçus par ce quatrième roman qui ne paraît pas équilibré.
C'est donc un récit à trois voix qui se construit sous nos yeux, chacun des protagonistes s'exprimant alternativement, quelques pages seulement : Luca, Anna, Léo. Luca, Anna, Léo, etcétéra, etcétéra. Le procédé, qui ne ménage aucune surprise, est lassant.
Luca est un jeune homme de vingt-neuf ans dont on a retrouvé le cadavre échoué sur une rive de l'Arno, Anna était sa compagne et Léo est un très jeune prostitué qui travaille dans la gare de Florence, il était aussi l'amant secret de Luca.
Comme un observateur devenu un pur esprit, Luca ne cache rien de l'état de décomposition de son corps, des pratiques de l'autopsie ou des désagréments de l'ensevelissement ; mais il prend en pitié la souffrance de Léo et d'Anna.
Le jeune garçon, qui n'avait pas d'existence avouée du vivant de Luca, se force lui à rester encore à l'écart, entre rage et désespérance ; il a conscience qu'avec la mort de son ami a disparu sa seule chance de s'en sortir ; il reprendra sa place à la gare, comme une fatalité.
Quant à Anna, elle est certainement la plus désemparée car non seulement celui qu'elle aimait a disparu mais elle découvre qu'elle avait un rival. Alertée par le comportement gêné de ceux qui auraient pu devenir ses beaux-parents, confortée dans ses doutes par le commissaire de police, elle n'a de cesse de chercher les indices et finira par rencontrer l'amant de Luca.
Chose étonnante, alors que le personnage de la jeune femme aurait dû être le plus achevé, il nous laisse froid, comme si le non-dit des relations entre Léo et Luca était la clé du livre et les seules vraies préoccupations de l'auteur. C'est en quelque sorte par défaut que l'on retrouve la sensibilité à laquelle Philippe Besson nous avait habitués. Un hors-sujet qui devrait faire un très beau futur livre.
Editions Julliard, 221 p., 18 euros.
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