ANTHONY MINGHELLA avait très envie de faire un film sur et dans sa ville, Londres. Et après « Retour à Cold Mountain », il a voulu revenir à un univers contemporain et à une histoire qui venait de lui, comme celle de son premier film, « Truly, Madly Deeply ».
Soit un architecte plutôt privilégié qui installe son bureau dans un quartier délabré du côté de King's Cross, à Londres. Tout va bien pour lui, sauf que son couple est perturbé par les troubles du comportement de la fille de sa compagne et que son bureau est cambriolé et son ordinateur volé.
Le scénario tisse habilement sa toile autour du héros. Il aborde des thèmes comme les problèmes des mères qui ont des enfants difficiles, la place des immigrés, souvent aussi invisibles qu'ils sont utiles, les différences de classes, les dommages collatéraux de la rénovation urbaine... Mais s'il y a de la violence et un honorable suspense, c'est la crise sentimentale de notre architecte qui est au centre du film. On devine assez vite qu'il ne sera pas indifférent au charme discret de la réfugiée bosniaque (une musulmane mariée à un Serbe qui a été assassiné) qu'il rencontre en suivant l'un de ses voleurs, mais la suite réserve quelques surprises.
Peut-être la mise en scène aurait-elle gagné à être plus offensive, au risque d'être moins élégante. Peut-être l'histoire aurait-elle due être un peu moins chargée en sentiments, jusqu'au pathos. Mais c'est aussi son charme et cela va bien aux trois acteurs. Juliette Binoche, auquel le rôle a rappelé sa grand-mère, immigrée polonaise qui avait un accent et était couturière, est allée jusqu'à Sarajevo pour s'imprégner de la langue et rencontrer des femmes bosniaques victimes de la guerre. Elle est un peu trop connue pour qu'on y croit vraiment mais son intelligence du jeu finit par l'imposer. Robin Wright Penn est très émouvante dans le rôle de mère blessée et impuissante. Et Jude Law se sert de son charme imparable. La musique de Gabriel Yared fait le reste.
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