Actuellement dans les pays industrialisés, on estime que 20 % des couples en âge de procréer rencontrent des problèmes d'infertilité. Dans 5 % des cas - c'est-à-dire chez 1 % de la population masculine totale -, il s'agit de troubles de la spermatogenèse. La genèse des spermatozoïdes est rendue possible par une interaction entre les cellules germinales et les cellules de Sertoli, seuls éléments somatiques au sein des tubes séminifères. Certaines maladies atteignant ces cellules se traduisent par une spermatogenèse anormale et une stérilité.
Défaut des cellules de Sertoli
Une équipe de chercheurs de l'université d'Hawaii a mis au point un modèle animal de stérilité liée à un mauvais fonctionnement des cellules de Sertoli. Il s'agit de souris transgéniques ayant subi une délétion du gène SI codant pour un facteur d'interaction entre cellules de Sertoli et cellules germinales. Ces souris sont systématiquement stériles par absence de production des spermatozoïdes. Pour tenter de rétablir une fertilité chez ces animaux, le Dr Mito Kanatsu-Shinohara a introduit, par le biais d'un vecteur adénoviral, le gène manquant au sein des cellules de Sertoli. Les cellules ainsi traitées ont exprimé pendant au moins trois mois - le temps de trois cycles de production des spermatozoïdes - le gène manquant transféré, ce qui a permis une restauration partielle de la spermatogenèse chez les souris infertiles. « Habituellement, ce type de transfert de gène s'accompagne d'une réaction inflammatoire sévère, mais les cellules de Sertoli étant dotées d'une certaine immunotolérance, nous n'avons pas assisté à de telles manifestations », expliquent les auteurs.
Deux particularités des cellules de Sertoli chez les sujets infertiles peuvent aussi avoir joué un rôle majeur dans la réussite de la thérapie génique. D'une part, le nombre de ces cellules est sensiblement majoré chez les sujets souffrant d'infertilité (de 3 % elles passent à 30 % des cellules présentes dans les tubes séminifères). D'autre part, dans cette étude, les vecteurs adénoviraux ont été injectés localement au niveau du testicule et, en raison de la présence d'une barrière hémotesticulaire, ils n'ont pu se fixer qu'au niveau des cellules de Sertoli.
Descendance stérile
La spermatogenèse des souris traitées est restée imparfaite. Mais par des techniques d'injection intracytoplasmique dans les oocytes (ICSI), des naissances ont été possibles. Néanmoins, les nouveau-nés présentaient tous le même type de délétion génique que leur géniteur avant traitement.
Pour le Dr Christine Levacher (laboratoire de différenciation fonctionnelle des gamètes, Paris-VII), « cette manipulation technique chez l'animal représente une avancée dans le traitement de certaines infertilités masculines. Pour la première fois, en effet, le gène transféré a été exprimé pendant un temps au moins égal à celui de la spermatogenèse, ce qui a permis la réalisation secondaire d'une ICSI. Mais il ne faut pas perdre de vue que les descendants seront, à leur tour, atteints de stérilité ».
« Proceedings of the National Academy of Sciences, USA ». Vol. 99, n° 3, pp. 1383-1388, 5 février 2002.
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