UTILISé dans l'imagerie par tomographie à émission de positons (TEP), un nouveau traceur, le FLT (fluorothymidine), pourrait évaluer de manière précoce, rapide et non invasive, l'efficacité d'une chimiothérapie néoadjuvante dans le cancer du sein.
Evaluer très précocement la réponse individuelle à une chimiothérapie anticancéreuse est actuellement un des sujets de recherche en médecine nucléaire pour l'oncologie de demain. Ce serait une avancée de taille pour les patients car elle permettrait, en oncologie, de contrôler de façon optimale des paramètres essentiels de temps, d'efficacité et de bien-fondé de thérapeutiques qui sont parmi les plus lourdes à supporter. Ce serait aussi une avancée pour l'économie de la santé, dès lors que les chimiothérapies très coûteuses ne seraient appliquées qu'aux patients répondeurs.
La TEP (ou PET-scan) permet de reconstruire en 3D les images planes et fonctionnelles de l'imagerie nucléaire, en les couplant aux images anatomiques du scanner. En captant les rayonnements gamma émis par des marqueurs radioactifs de demi-vie très courte, qui se fixent préférentiellement aux cellules cancéreuses, la TEP permet de visualiser les cellules tumorales qu'on ne détecte pas par l'imagerie classique. La TEP, couplée au Fluoro-Deoxy-Glucose (FDG), traceur utilisé également pour les bilans d'extension de certains cancers, est le premier examen diagnostique fiable et précoce de réponse à la chimiothérapie (lymphome).
Financée par l'Institut national du cancer, une étude prospective ouverte multicentrique sur un nouveau radiomarqueur dans la TEP, le FLT, va s'ouvrir prochainement en France. Elle a pour but d'évaluer le traceur comme outil de diagnostic précoce de la réponse à la chimiothérapie dans le cancer du sein. En effet, le FLT s'est montré plus spécifique in vitro et in vivo dans la détection de la prolifération des cellules tumorales que le FDG. L'intérêt du FLT sera corrélé à l'examen anatomopathologique. Aucune étude clinique de cette ampleur n'aura été réalisée dans cette indication.
Adapter la législation actuelle au marqueur.
Cependant, cette nouvelle technique se heurte à des problèmes réglementaires qui freinent la recherche clinique. Soumis au statut de médicament, le marqueur doit suivre la procédure longue et coûteuse d'obtention d'AMM. Or il ne s'agit pas d'un « médicament » à proprement parler mais d'un produit d'imagerie à visée diagnostique et d'utilisation ponctuelle, de très faible toxicité, au service médical rendu considérable et destiné à un petit marché. Les chercheurs français et allemands font actuellement appel au niveau européen afin d'adapter la législation actuelle au marqueur. Ce qui serait un premier pas dans l'adaptation de la réglementation à la radiopharmaceutique, problème qui se pose de façon plus épineuse encore pour la médecine nucléaire à visée thérapeutique.
« Un nouveau traceur dans le cancer du sein », 43e Colloque de médecine nucléaire de langue française, Marseille. Animé par le Pr Gilles Karcher, président de la Société française de biophysique et de médecine nucléaire, CHU Nancy, et du Pr Patrick Bourguet, CHU Rennes.
La TEP en France
Avec le plan Cancer, 60 TEP sont prévues depuis 2001 sur la carte sanitaire pour la fin 2005. Le seul radiotraceur ayant une AMM en France est le FDG, glucose marqué par une molécule de Fluor 18. La fabrication de ce traceur nécessite un cyclotron pour fabriquer le fluor 18, ainsi qu'une unité de synthèse et de production radiopharmaceutique de FDG. Compte tenu de la période radioactive courte du Fluor 18 (deux heures), l'installation des cyclotrons et des unités de production de FDG doit être régionalisée pour assurer un maillage efficace du territoire. Chaque site de production pourrait livrer de manière optimale des centres TEP dans un rayon de 250 km. Huit cyclotrons existent actuellement en France.
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