LE 5 JUILLET, à Brest, les concurrents du 95e Tour de France risquent de jouer en plus de leur destin personnel celui de la Grande Boucle elle-même. L'arme absolue antidopage dégainée par Roselyne Bachelot, avec le passeport biologique de l'Union cycliste internationale, ne sera finalement pas disponible, pour cause de rupture entre les organisateurs et l'UCI. Mais les dirigeants de l'Agence française de lutte antidopage, qui va assurer la maîtrise des opérations de contrôle prévues par la loi française et par le code mondial antidopage, affichent un état d'esprit optimiste, en bonne intelligence et coopération avec l'ensemble des acteurs de l'antidopage. Pierre Bordry a ainsi annoncé que les contrôles sanguins traditionnellement réalisés à la veille du départ du Tour seraient réalisés par le laboratoire de Lausanne, chargé par l'UCI des analyses du passeport sanguin, avec la même méthode. De cette manière, «les résultats de ces tests pré-Tour seront ajoutés au passeport hématologique. Et cette collaboration, précise le président de l'AFLD, n'est en rien un cadeau que nous faisons à l'UCI, mais c'est l'un des signes de la bonne entente qui règne au plan international entre les diverses instances».
Quant aux coureurs, après le Tour 2007 qui avait été marqué par plusieurs scandales, en particulier celui qui impliqua le Danois Michael Rasmussen (exclu par son équipe alors qu'il portait le maillot jaune pour avoir fourni de fausses informations sur sa localisation), «ils entendent témoigner du renouveau du cyclisme, assure Pierre Bordry. En particulier, la jeune génération est résolue à sortir de l'ornière du dopage. Et nous allons mettre toute notre rigueur au service de cette volonté, pour accompagner ces sportifs dans leurs efforts».
Des chaperons.
Dès avant le départ, les tests de précompétition ont commencé. «Une trentaine ont déjà été réalisés sur les soixante qui sont prévus», précise le directeur des contrôles, Jean-Pierre Verdy. Des contrôles inopinés et ciblés. «Nous ne tenons pas spécialement à faire du chiffre, explique Pierre Bordry, mais à porter le fer où il faut, avec toute la transparence requise, en faisant jouer au maximum l'effet de dissuasion.» Les informations en provenance des équipes, des fédérations et de la presse sont recoupées et mises à profit. Tous les coureurs ont finalement été localisés, conformément à la convention signée entre ASO, organisateur du Tour, et chacune des vingt équipes participantes.
Pour les prélèvements réalisés en compétition, l'agence a prévu de faire appel à huit escortes, ou chaperons, reconnaissables aux chasubles numérotées qu'ils endosseront ; ils ne devront pas quitter des yeux le coureur entre le moment où il sera informé du contrôle et celui où il franchira le local de contrôle.
Les analyses, dont le nombre total n'est pas communiqué, seront effectuées en 48 heures (72 heures pour la recherche d'EPO), au laboratoire de Châtenay-Malabry. Les échantillons sanguins seront fractionnés, une partie étant traitée à Lausanne pour la détection en direct de l'hGH (hormone de croissance), selon les mêmes procédures mises en oeuvre pour l'Euro de foot. Compétente sur territoire français comme hors des frontières, l'AFLD collaborera avec l'agence nationale italienne lors du passage du Tour dans la péninsule. Sous la houlette de l'AMA, l'Agence mondiale antidopage, dans le cadre de l'union sacrée, pour faire (sur)vivre une épreuve aussi menacée qu'illustre.
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