De notre correspondante
à New York
LES CHERCHEURS de Stanford « ont franchi une étape déterminante dans le développement de tests diagnostiques cliniques pour le cancer, commente, dans le « New England Journal of Medicine », le Dr Sridhar Ramaswamy (Harvard Medical School, Boston), en partant des études... de l'expression des gènes de cancers humains pour arriver à la création et à la validation d'un nouvel outil diagnostique. Il devrait s'intégrer facilement en pratique clinique et pourrait affiner les mesures disponibles de stratification du risque ».
Le lymphome B diffus à grandes cellules est le plus fréquent des lymphomes non hodgkiniens de l'adulte. La chimiothérapie Chop (introduite en 1975) a transformé ce cancer, autrefois invariablement fatal, en une affection potentiellement curable. Mais seulement 40 % des patients sont guéris.
Identifier les patients résistants.
Avec l'arrivée de nouvelles approches thérapeutiques, et notamment des anticorps monoclonaux (rituximab, anti-CD20), il devient important d'identifier les patients résistants au traitement standard qui pourraient en bénéficier. Or l'indice de pronostic international, fondé sur cinq caractéristiques cliniques (dont l'âge, le stade de la tumeur et sa dissémination), manque de fiabilité.
L'avènement des biopuces à ADN (microarray) a permis d'évaluer, à l'échelle du génome, les profils d'expression de milliers de gènes dans les tumeurs du lymphome B diffus à grandes cellules. Ces profils d'expression génique peuvent être utilisés pour classer moléculairement les tumeurs selon leur probabilité de réponse au traitement.
Plusieurs groupes de chercheurs ont ainsi identifié des signatures d'expression génique (fondées sur 13 à 17 gènes) capables d'en prédire le pronostic. Mais ces signatures ne se chevauchent pas, n'ont pas été validées et puisque les microarrays ne sont pas encore facilement disponibles en laboratoires, des tests plus pratiques sont nécessaires pour mesurer l'expression des gènes.
L'équipe du Pr Ronald Levy, (université de Stanford, CA), a développé un test simple pouvant être utilisé en routine.
Corrélés à la survie.
Ils ont évalué l'importance de 36 gènes, choisis sur la base de précédents travaux montrant leur pouvoir pronostique. Ils ont mesuré leur expression par PCR-RT quantitative dans des échantillons tumoraux de 66 patients atteints et non encore traités. Ces résultats ont été corrélés à la survie après traitement Chop.
Dans une analyse univariée, les six gènes dont le pouvoir pronostique est le plus fort sont : Lmo2, Bcl6, FN1, Bcl2, Ccnd2, Scya3. Les trois premiers sont corrélés à une meilleure survie, les trois autres à une survie plus courte.
Les chercheurs ont ensuite construit un modèle multivarié fondé sur l'expression de ces six gènes, et ont validé ce modèle dans deux séries indépendantes de données de microarray.
Ce modèle de six gènes est aussi valide que le modèle de 17 gènes développé par Rosenwald et coll. (« New England Journal of Medicine », 2002). Il est également indépendant de l'Indice de pronostic international et majore le pouvoir de prédiction.
Cet outil prédictif stratifie les patients en réponse élevée, moyenne, et faible au traitement Chop. Il permet surtout d'identifier un groupe à haut risque dont la survie à cinq ans est inférieure à 27 %. Ce groupe, qui représente un tiers des patients, pourrait tirer profit d'approches thérapeutiques différentes.
« New England Journal of Medicine », 29 avril 2004, pp. 1828 et 1814.
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