JOURNEES FRANCOPHONES DE PATHOLOGIE DIGESTIVE
Paris- 2-6 avril 2005
A L'HEURE actuelle, en France, le dépistage du cancer colorectal a du mal à s'étendre. Deux raisons à cela : d'une part, le faible taux de participation de la population générale et, d'autre part, la sensibilité limitée (50 %) du test de référence de recherche de sang occulte dans les selles, l'Hémoccult II. Il semblait donc important de trouver une stratégie qui améliore cette sensibilité pour améliorer l'efficacité du dépistage lui-même pour augmenter la crédibilité de ce test, non seulement auprès des médecins généralistes, mais également auprès de la population. Depuis une dizaine d'années, les Japonais utilisaient un test immunologique, plus sensible que le test Hémoccult. Cependant, jusqu'à présent, son coût de révélation en laboratoire était beaucoup plus élevé que celui de l'Hémoccult. Ce test immunologique est désormais livré avec un automate de lecture, ce qui permet de diminuer considérablement son coût : à l'unité, le test immunologique réalisé et lu par le laboratoire s'avère moins cher que le test Hémoccult II. Restait à savoir si le gain en sensibilité ne serait pas payé par une perte en spécificité incompatible avec l'utilisation de ce test sur de grandes populations asymptomatiques. En effet, autant il est possible d'utiliser des tests très sensibles et peu spécifiques dans le cadre du diagnostic ; autant, dans le cadre d'un dépistage, cela fait courir trop de risques à des gens bien portants et non demandeurs.
Les médecins généralistes de la Manche.
Un essai prospectif a donc été mené en France, dans une population à risque moyen couvert par un registre des cancers : 43 000 personnes âgées de 50 à 74 ans de la circonscription de Cherbourg. Pour cela, 160 médecins généralistes du Cotentin - nord du département de la Manche -, région couverte par un registre des cancers, ont proposé un test de dépistage immunologique à une population cible de patients. Cet essai a été mené en collaboration avec le laboratoire de biologie de l'Irsa de Tours, déjà centre de références pour la lecture des tests Hémoccult, avec le registre des cancers de la Manche et entièrement financé par l'Inserm, la DGS et la Cnamts. Les 7 421 premiers tests ont été distribués entre le 1/1/2001et le 31/12/2002.
Les résultats de cette étude ont été de deux ordres. Dans un premier temps, en utilisant le test comme le préconisaient les fabricants japonais, la sensibilité était de 85 % (contre 50 % pour l'Hémoccult), la spécificité étant alors de 94 %, avec un taux de positivité égal à 6 %. Dans un deuxième temps, grâce à la nature quantitative du test, une simulation statistique a permis de montrer que si le seuil de positivité avait été fixé à 3 % (valeur similaire à l'Hémoccult), la sensibilité aurait toujours été meilleure que celle de l'Hémoccult (de l'ordre de 75 %) avec une spécificité identique à celle de l'Hémoccult (97 à 98 %). Quant à la valeur prédictive positive pour un cancer ou un gros adénome, elle s'avérait dans ce cas supérieure (50 %) à celle de l'Hémoccult.
Depuis janvier 2005, une nouvelle étude comparative menée dans le département du Calvados évalue conjointement les deux tests Hémoccult et Magstream.
D'après un entretien avec le Pr Guy Launoy, directeur de l'équipe Inserm Cancers et Populations, Caen.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature