D. S. Où en est aujourd’hui Orpea, vingt ans après sa création ?
Jean-Claude Marian. Orpea et sa filiale Clinéa représentent 33 700 lits et 364 sites. Nous avons la chance d’opérer sur un secteur porteur, l’un des rares à avoir été épargné par la crise. Nous nous efforçons d’apporter une réponse de qualité, ce qui explique le fort développement de ces dernières années. Nous sommes présents, aujourd’hui, dans des pays européens comme l’Espagne, la Belgique, l’Italie ou la Suisse, qui représentent 15 % de notre activité. Nous nous implantons dans des pays dans lesquels les autorisations sont réglementées. Cela explique que nous ne sommes présents ni en Allemagne ni en Angleterre, pays dans lesquels le marché est complètement dérégulé. Les 85 % restants sont localisés en France et se répartissent entre 40 % de cliniques (de soins de suite et réadaptation fonctionnelle et psychiatriques) et 60 % de maisons de retraite. En ce qui concerne le capital, je reste un des principaux actionnaires. Durant ses dix premières années, notre groupe s’est développé à 90 % via des autorisations nouvelles. Jusqu’en 2005, nous avions la chance d’avoir des besoins non satisfaits dans beaucoup de secteurs géographiques pour les maisons de retraite comme pour les soins de suite. Ces dernières années, notre développement s’est surtout opéré à travers des acquisitions. Dans les pays européens, il se fait surtout par des autorisations nouvelles, car ces pays sont en léger décalage par rapport à la France qui, il faut le dire, est en avance dans la politique de prise en charge de la personne âgée dépendante.
D. S. Quels sont les avantages que procure l’appartenance à un groupe comme le vôtre ?
J.-C. M. Soyons clairs, il y a de très bons petits opérateurs. Ceci étant, faire partie d’un groupe permet de disposer au siège d’un panel d’expertises et de services spécialisés et d’être mieux opérationnels sur le terrain. Pour les personnels, le fait de pouvoir compter sur l’encadrement du siège est très sécurisant. Il ne faut pas non plus négliger les perspectives d’évolution de carrière qu’offre l’appartenance à un groupe.
D. S. Disposez-vous de la visibilité suffisante pour investir dans un secteur d’activité confronté à de multiples et fréquents changements réglementaires ?
J.-C. M. On se plaint tous d’un excès de réglementation. Je comprends, en partie, ces critiques. Nous sommes certains que les besoins iront en augmentant. La part des dépenses de santé dans le PIB continuera à progresser dans les pays développés. Ceci étant, je préfère un système réglementé qu’un système dérégulé. Un système réglementé impose un cadre en termes de qualité de prise en charge auquel tous les opérateurs doivent se soumettre. Prenons l’exemple des soins de suite et de réadaptation, nous savons que nous allons entrer dans un système de tarification à l’activité, même si on en ignore aujourd’hui les modalités. Nous nous interrogeons sur la manière dont la plus ou moins grande spécialisation sera rémunérée et nous serons très attentifs à la construction du modèle tarifaire qui devrait permettre de valoriser au mieux cette spécialisation.
D. S. À ce propos, comment votre groupe se prépare-t-il à l’arrivée d’une tarification à l’activité dans le secteur des soins de suite et de réadaptation ?
J.-C. M. Je suis, bien entendu, favorable au principe de la T2A, qui permet une meilleure répartition des ressources. Comme toute entreprise, nous faisons des simulations financières. Nous réalisons une analyse fine des données issues du PMSI* et suivons régulièrement l’état des lieux précis de nos ressources internes. Cela nous permet d’anticiper au mieux les adaptations nécessaires des projets médicaux des établissements en tenant compte des évolutions du système tarifaire et de l’environnement sanitaire. L’enjeu de la tarification passera par un modèle de construction des tarifs permettant de rémunérer l’activité selon la spécialisation des équipements techniques et la compétence des professionnels. Nous pourrons ainsi continuer à proposer des prises en charges de qualité.
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