JUSQU'À présent, le traitement de la FA par radiofréquence – détruire ou isoler les cellules perturbatrices dans les veines pulmonaires entre autres cibles – consiste à introduire par la veine fémorale un cathéter dont l'extrémité distale est située dans le coeur et dont l'extrémité proximale est manipulée à la main sous contrôle radioscopique. La distance de 80 cm environ entre l'extrémité distale et la main entraîne une perte de précision. Le système de navigation magnétique Niobe, utilisé à Bordeaux (service des Prs Michel Haïssaguerre et Jacques Clémenty), permet de gagner en précision. Le cathéter, spécifique à ce système, comporte trois aimants sur ses 10 cm distaux ; cette extrémité va s'aligner avec un champ magnétique créé par deux gros aimants placés de chaque côté du thorax du patient. Ainsi, la variation du champ magnétique permet de modifier la position du cathéter, de l'amener sur la zone à traiter avec une précision que l'on espère supérieure à celle que l'on peut obtenir à la main.
L'image des petits trous sur une feuille blanche.
Pour le Pr Jais, ce dispositif donnera tout son potentiel quand tout sera « automatisé ». Par exemple, en ce qui concerne le réglage de la distance entre deux zones à traiter. Pour expliquer comment on forme une barrière électrique en créant des lésions qui encerclent les veines pulmonaires, le Pr Jais prend une image parlante : celle d'une feuille blanche sur laquelle on trace une suite de petits points à l'aide d'une épingle. Pour que le traitement par radiofréquence soit durable et efficace, explique-t-il, la distance entre deux points successifs doit être de l'ordre de 3 mm.
Autre avantage de ce dispositif : la force de contact au niveau de la zone à traiter est toujours la même, de 10 à 15 g. Ce qui est de nature à permettre d'éviter les rarissimes (1/1 000 environ) perforations. Cette propriété devrait aussi permettre de comprendre pourquoi des lésions thérapeutiques sont durables dans le temps et pas d'autres (trop superficielles ?).
L'équipe bordelaise, qui a déjà traité une quarantaine de patients avec ce dispositif magnétique, est, depuis quinze jours, dotée d'un cathéter à refroidissement par eau, ce qui constitue un progrès important.
Pour le Pr Jais, le système de navigation magnétique est encore du domaine de la recherche car il a besoin d'évoluer. La société Stereotaxis espère, grâce à l'implantation de ce dispositif à Bordeaux, faire évoluer ses logiciels.
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