DE NOTRE CORRESPONDANTE
UN CINQUIÈME des décès par intoxication au monoxyde de carbone enregistrés en France surviennent dans le Nord - Pas-de-Calais. L'an dernier, les appareils de chauffage défectueux ont encore tué neuf personnes. Un chiffre beaucoup trop élevé pour des morts évitables. Afin de réduire cette incidence, tous les acteurs concernés – DRASS, centre antipoison, cellule de veille sanitaire – ont décidé d'unir leurs efforts, et de faire appel aux services de Météo France pour lancer des bulletins d'alerte.
Les intoxications présentent en effet des pics directement liés aux conditions météo : les premiers froids survenant en octobre concentrent à eux seuls 1/3 des intoxications enregistrées en un an. Les vents faibles empêchant la dispersion des poussières, les températures douces et l'humidité forte ont un impact négatif sur le tirage des appareils de chauffage et augmentent ainsi considérablement les risques d'accidents. En octobre, les services spécialisés enregistrent jusqu'à 15 foyers intoxiqués par jour. L'an dernier, il a fallu secourir 275 personnes durant le seul mois d'octobre, et, certains jours, les caissons hyperbare du CHR de Lille étaient saturés.
Partant de ce constat, les autorités sanitaires ont décidé de diffuser des bulletins d'alerte météo dans les médias lorsque les conditions climatiques présenteront un risque particulier d'intoxication. Adressés aux rédactions le matin à 9 heures, ces bulletins pourront être diffusés dans les journaux télévisés et radios de la mi-journée, de façon à mettre en garde les habitants.
Cet effort d'information vise particulièrement le bassin minier, où surviennent 90 % des accidents. La majorité des habitants sont encore chauffés au charbon, et nombre de foyers bouchent les grilles d'aération pour économiser les calories.
Prévenir les séquelles.
Des dépliants indiquant les gestes à ne pas faire dans la maison et les symptômes en cas d'intoxication vont être largement diffusés. Si la plupart des personnes secourues par le SMUR ou les pompiers s'en sortent sans séquelles, 3,6 % des victimes présentent un syndrome postintervallaire dans les trois mois suivant l'intoxication, avec des troubles neurologiques ou psychiatriques pouvant aller jusqu'à la démence. «Malheureusement, ces troubles sont fixes dans le temps, d'où l'importance d'agir en amont», explique le Dr Jean-Christophe Linke.
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