Les 10 règles pour éviter le burn out (Le Généraliste n° 2607 du 1er juin 2012) sont intéressantes, mais vous oubliez de parler de points très importants.
Les médecins s'occupent des gens en souffrance et les aident à trouver des solutions (traitements, écoute, repos), mais eux-mêmes ne peuvent pas bénéficier de ces possibilités lorsqu'ils sont (ou leurs proches) en souffrance. La protection sociale du médecin est une honte. Officiellement, presque nulle (CARMF) et les assurances privées sont très chères et très restrictives à mettre en jeu lorsque nécessaire (délais de carence de 15 jours en cas de maladie, de 3 jours pour la chirurgie alors que la chirurgie est ambulatoire le plus souvent actuellement). Prendre des congés nécessite d'avoir mis en réserve l'argent des charges professionnelles ET celui de la vie quotidienne et des vacances. À 23 euros le C, cela fait combien de C ?
Et puis il y a toutes les contraintes morales également : pression des recommandations sacro-saintes de la Haute Autorité de santé mais qui changent au gré de nouvelles études (on a mis beaucoup de temps à redécouvrir que le lait est le meilleur aliment du bébé avant l’âge de 6 mois !), mais la vérité du moment est absolue et opposable juridiquement. Que de papiers à remplir : certificats, CPAM, Mdph, absence, présence...
Le secrétariat téléphonique est une bonne chose mais onéreuse et difficile car le tri du degré d'urgence est aléatoire et il reste tout le reste du secrétariat à faire. Le ménage est une charge également.
Les réseaux : c’est super-intéressant mais le temps qu’on y consacre est bénévole.
Le burn out n'arrive pas à tout le monde ; certes, mais l'épuisement physique fait vite basculer dans la dépression quand la personne ne peut pas se reposer si elle a elle-même (ou ses enfants) des soucis.
J'exerce depuis 33 ans, avec rigueur et mon intérêt intellectuel et humain vis-à-vis de mes patients ne s’est jamais démenti, mais que de renoncements dans ma vie personnelle et matérielle. J 'aurais aussi bien travaillé si j'avais été salariée et soulagée des soucis de revenus, secrétariat, comptabilité, ménage. Je comprends tout à fait les medecins de ne pas vouloir vivre cela.
Beaucoup d'aménagements restent à faire pour que ce super-métier continue !
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