Prévention des infections nosocomiales

Un sucre contre les biofilms

Publié le 05/09/2006
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UNE ÉQUIPE de l’Institut Pasteur associée au Cnrs vient de caractériser une molécule capable d’inhiber la formation de biofilms. Ces agglomérats de bactéries fixées sur les surfaces seraient à l’origine de nombreux cas de maladies nosocomiales lorsque le support du biofilm est une prothèse ou un cathéter.

Dans un travail publié par les « Proceedings » de l’Académie des sciences américaine, les chercheurs précisent que cette molécule est un polysaccharide complexe sécrété dans le milieu de culture par des bactéries responsables d’infections urinaires. Cette molécule appliquée sur différents types de matériaux, tels que le plastique et le verre, empêche la formation de biofilms d’un large spectre de bactéries pathogènes.

C’est en étudiant la biologie des formes uropathogènes de la bactérie E.coli que l’équipe de chercheurs, dirigée par le Dr Jean-Marc Ghigo, a peut-être trouvé une solution au problème des biofilms indésirables. Les E.coli uropathogènes ont la capacité de traverser, sans s’y fixer, l’ensemble de l’appareil digestif humain. Ils envahissent ensuite l’appareil urogénital où ils peuvent provoquer des infections urinaires. En testant la capacité des E.coli uropathogènes à former des biofilms avec d’autres bactéries, les chercheurs ont découvert qu’elles sécrètent un polysaccharide qui inhibe la formation des biofilms. Cette propriété pourrait jouer un rôle essentiel dans les capacités de colonisation de ces bactéries.

Prothèses, lentilles, filtres de dialyse.

Les chercheurs ont également montré que l’application d’une solution contenant ce polysaccharide sur des matériaux aussi différents que le verre, le PVC et le polycarbonate, suffisait à leur conférer de puissantes propriétés antiadhésives vis-à-vis de très nombreuses bactéries pathogènes, telles que le staphylocoque doré. Une application de ce produit sur des biomatériaux composant, par exemple, des prothèses, des lentilles de contact ou des filtres de dialyse pourrait y empêcher la formation de biofilms et limiter ainsi la prolifération de bactéries pathogènes. Dans l’industrie, on peut également envisager de limiter de cette manière les colonisations bactériennes indésirables.

« Proc Natl Acad Sci USA », édition en ligne, août 2006.

> Dr ISABELLE CATALA

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8002