Des résultats surprenants et prometteurs dans la prévention du cancer du poumon viennent d'être présentés à San Francisco, au congrès de l'American Association for Cancer Research.
Surprenants, parce qu'ils impliquent dans cette pathologie une molécule française, indiquée dans les insuffisances salivaires, le Sulfarlem (anétholtrithione). Prometteurs, parce qu'elle semble capable de réduire de 22 % l'apparition ou l'aggravation de lésions précancéreuses broncho-pulmonaires chez des fumeurs de longue durée.
L'étude, soutenue par le National Cancer Institute, a été menée chez 101 volontaires qui avaient fumé un paquet par jour pendant trente ans au moins. A l'enrôlement, tous ont subi une bronchoscopie. Un groupe a reçu le Sulfarlem, un autre un placebo.
Au terme de six mois de traitement, les sujets réellement traités avaient un risque d'apparition ou d'aggravation d'une lésion préexistante de 32 %. Chiffre qui passe à 54 % dans le groupe sous placebo.
L'arrêt du tabac
Le Dr Stephen Lam (British Columbia Cancer Agency), qui présentait ces résultats, a rappelé que, malgré l'arrêt du tabac, les anciens fumeurs conservent un risque de cancer broncho-pulmonaire majoré de 15 %, tout au long de leur vie. Il a toutefois souligné que, chez les abstinents (30 % des sujets enrôlés), les résultats ont été meilleurs.
L'explication de cette efficacité du substitut salivaire viendrait de sa capacité à déclencher la production de glutathion-S-transférase (GST), agent naturel de défense contre les carcinogènes. Cette enzyme, qui détruirait les carcinogènes du tabac et de l'environnement, semble anormalement basse en cas d'intoxication tabagique.
La tolérance du traitement a été bonne, avec seulement quelques flatulences ou ballonnements abdominaux.
Aux Etats-Unis, Marie-Odile Christen, directrice scientifique de Solvay Pharma, qui commercialise la molécule, a déclaré lors du congrès américain que le laboratoire y découvrait les résultats du Dr S. Lam. L'industriel décidera d'ici à la fin de l'année s'il doit financer une étude plus importante.
Quoi qu'il en soit, les chercheurs jugent des travaux de plus grande ampleur nécessaires, pour confirmer le bien-fondé biologique de leurs conclusions.
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