Les établissements de santé suisses relèvent depuis le 1er janvier 2004 du système de tarification Tarmed. Avec plus de 4 800 positions, celui-ci comprend la quasi-totalité des prestations médicales et paramédicales fournies dans le domaine hospitalier ambulatoire et en cabinet médical. À cela s’ajoutent les matériels et médicaments. Chaque établissement soucieux d’équilibrer son budget entend donc recenser de manière la plus exhaustive possible les actes réalisés. À Lausanne, le centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) expérimente un nouvel outil d’enregistrement des actes, le digital pen, en vue de le substituer à son dispositif par code-barres. « Nous cherchions un outil plus adapté avec une saisie interactive », explique M. Dubois, responsable de projet au pôle informatique. Le principe est simple : un crayon, semblable à un stylo-bille, et équipé d’une minuscule caméra infrarouge, enregistre ses mouvements sur les formulaires papier imprimés avec une trame de micro points. Après utilisation, le stylo rejoint un socle relié à l’ordinateur par un port USB. Une application installée sur les postes informatiques facilite la validation des données enregistrées par le prestataire avant transmission vers un serveur dédié. Puis, le service d’audit de tarification du CHUV contrôle ces acquisitions qui pourront alors être exportées et rendues « compatibles » Tarmed vers le système d’information de l’établissement. Depuis septembre 2009, une vingtaine de médecins et infirmières du service dermatologie se familiarise avec cette technologie.
Automatisation des process
L’intérêt d’un tel outil réside principalement dans l’automatisation des process. Tout en améliorant la traçabilité des actes médicaux et paramédicaux, il en assure un relevé quasi exhaustif en réduisant les risques d’erreurs liées à la ressaisie des données enregistrées. Pour cette seule tache, en dermatologie, « nous consacrions auparavant près de 4 mois de ressaisie », explique Roger Comtesse, chef de projet utilisateur, chargé de l’audit interne de la tarification. Le nombre d’actes enregistrés a pu être augmenté de 15 % sans apport supplémentaire de ressources humaines ou d’autres investissements. En outre, la validation des saisies par son service permet une meilleure connaissance des activités de chaque médecin. Cette « surveillance » est-elle bien acceptée par ces derniers ? Roger Comtesse concède un brin de réticence chez les médecins les plus âgés peu habitués à ces pratiques. Mais il assure que les médecins de la nouvelle génération sont bien davantage rompus à ces nouveaux outils, en comprenant les impératifs économiques associés à son bon usage.
Autre intérêt de ce mode d’enregistrement : chaque formulaire a pu être adapté avec une grande précision, en concertation avec les prestataires, à toutes les configurations possibles d’actes. En outre, le système couplé au logiciel de planification des rendez-vous édite automatiquement les formulaires correspondants pour le jour « j ». « Le médecin n’aura pas d’autre action à réaliser que de renseigner le formulaire. Un lien automatique avec le patient évite au prestataire d’en saisir le nom, ce qui réduit encore le risque d’erreur », complète Victor Recarey, directeur de la société DPC, partenaire pour la Suisse de la société Softminders qui développe la solution informatique permettant l’utilisation d’un stylo numérique en milieu hospitalier notamment. Ces formulaires sont régulièrement et automatiquement mis à jour, en fonction des remarques des prestataires (ajout d’un nouveau champ par exemple) et des évolutions de Tarmed.
Si l’outil semble donner entière satisfaction à l’établissement qui estime à 15-20 % les gains financiers générés par un relevé plus exhaustif des actes médicaux et paramédicaux et si la technologie a fait la preuve de sa fiabilité, un point reste à améliorer : la qualité de la saisie. En effet, pour être exploitées, les données doivent être enregistrées très précisément (en respectant les zones cibles à remplir) et lisiblement… Or la graphie des médecins n’est pas réputée pour sa clarté. « Cela nécessite un peu de coaching… », note en souriant Roger Comtesse. Ce qui au passage permet « d’humaniser » la technologie. Qui s’en plaindra ?
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